La première particularité de la série, c’est justement qu’elle tourne plus autour d’intrigues politiques que de créatures merveilleuses ou de preux chevaliers. Les éléments surnaturels, bien que présents, ne forment pas le cœur de l’histoire, tandis que les batailles, même si elles sont présentes, ne sont pas non plus légions. Bref, pas de grandes envolées lyriques dans Game of Thrones, de longues chevauchées ou de combat contre de terrifiantes créatures, mais un univers sale, violent, terre à terre, où les hommes d’honneur ont bien du mal à survivre au milieu des traîtres et autres comploteurs.
Ambitieuse, la série l’est assurément, tout d’abord au niveau de son scénario. On compte tout d’abord pas moins d’une dizaine de personnages principaux rien que pour cette première saison de 10 épisodes, et autant de personnages secondaires importants. Les épisodes naviguent d’un personnage à l’autre, d’une sous-intrigue à l’autre, passant d’un bout du royaume à l’autre avec une fluidité rare. Et malgré la complexité de l’intrigue et le nombre de personnages, on ne se retrouve jamais perdu grâce à l’écriture structurée et posée des épisodes. Cette première saison est de plus très riche en événements et en rebondissements (dont un nombre de morts impressionnant parmi les personnages principaux) ce qui la rend absolument passionnante. Difficile de décrocher une fois la saison entamée, tant on se passionne pour le destin de ces personnages hauts en couleur, campés par d’excellents acteurs au charisme certain, d’autant que les scénaristes se plaisent à finir chaque épisode sur un cliffhanger insoutenable.
Au sommet du casting, on retrouve tout d’abord Sean Bean, qui a décidément du mal à se sortir des personnages médiévaux, mais est tout simplement parfait en Eddard Stark, personnage tragique et homme d’honneur qui se débat pour ne pas trahir ses principes. A ses côtés, Mark Addy campe le roi Baratheon, un personnage très éloigné de son registre habituel, plutôt comique (le public français le connait principalement pour son rôle de bon pote un peu enrobé dans The Full Monty). L’acteur fait pourtant des merveilles, réussissant à être tout à la fois débonnaire et à imposer une véritable force de caractère à son personnage. Lena Headey s’avère ici beaucoup plus convaincante qu’en Sarah Connor dans la série éponyme, et incarne avec grâce une reine froide et perfide (mais néanmoins assez émouvante au cours de certaines scènes). Même Jason Momoa, qui a incarné un Conan bien fade dans le récent film de Marcus Nispel, est excellent en seigneur de guerre mutique mais charismatique. Mais le meilleur personnage de la série reste assurément Tyrion Lannister, frère de la reine, à la petite taille mais à l’esprit très vif, incarné par l’excellent Peter Dinklage, vu notamment dans Bons Baisers de Bruges.
En plus d’un casting d’exception, Games of Thrones fait preuve d’une tenue visuelle assez exceptionnelle. Tournée en Irlande, la série bénéficie des décors naturels magnifiques du pays, ainsi que du soin apporté aux costumes, effets spéciaux et décors intérieurs (notamment l’impressionnant trône de fer, forgé à partir des épées des ennemis vaincus par les différents rois). Produite par HBO, la série a de plus droit à une liberté de ton assez exceptionnelle, n’hésitant pas à briser plusieurs tabous (dont une relation incestueuse entre un frère et sa sœur jumelle, ou une mère donnant le sein à son enfant d’une dizaine d’années). Les actrices dénudées sont légions, et les scènes de combat, si elles sont assez rares, sont néanmoins fort réussies, d’une violence sèche et viscérale.
Game of Thrones est assurément la meilleure nouvelle série de la saison 2010-2011, bien loin devant le pétard mouillé Walking Dead, et peut-être ce qu’on a vu de plus excitant à la télé depuis la fin de Lost. La série a amplement mérité son énorme succès, et on éspére maintenant que la saison 2 saura continuer sur cette lancée, ce qui ne devrait pas être trop difficile, vues les pistes passionnantes amorcées par l’impressionnant final (yes ! Des dragons !).
Note : 9/10