Septembre 2011, une nouvelle venue d'outre-tombe s'abat sur le ciel de New York. Les Knicks, troisième pire défense de la ligue (105,7 points encaissés par match) annoncent pour la saison suivante un remaniement tactique de grande envergure : redonner vie à leur défense. Inutile de préciser que Mike D'Antoni n'est pas un spécialiste du genre. Pragmatiques et surtout très réalistes, les dirigeants New-Yorkais ont engagé dans la foulée Mike Woodson, comme assistant de D'Antoni. L'ancien coach des Hawks sera chargé de la défense.
Lorsque l'on évoque la ville de New York, très souvent, la silhouette de la Statue de la Liberté se dessine spontanément dans nos esprits. Puis nos lèvres fredonnent instinctivement "Empire State of Mind" et nos jambes nous entrainent inéluctablement au Madison Square Garden. Ensuite, nous nous imaginons entrer dans cette immense salle et prendre place à côté de Spike Lee, le cinéaste. Aussi versatile que ce dernier, nous porterions bien évidement le maillot du dernier chouchou de la Big Apple (aujourd'hui il endosse le numéro 6, celui de Landry Fields). Et enfin, nous rouspèterions à chaque faute non sifflée, scanderions le nom de notre Knick préféré, pratiquerions le trash-talking avec l'assiduité d'un Charles Barkley ou d'un Reggie Miller. Ah...New York, New York ! Les années 90 ont vu naitre l'un des plus grands effectifs de la discipline. Néanmoins, cette décennie a été également le théâtre de son implosion.
En 1991, le nouveau président du club s'offre les services d'un entraineur de grand standing : Pat Riley, le maître du showtime, le faiseur de victoire (quatre bagues avec les Lakers). Mais à New York, la méthode change. Fini le run-and-gun à tout va, place au jeu rugueux : le basket des tranchées. Anthony Mason, Patrick Ewing, John Starks, Charles Oakley et le reste de l'équipe sont sur tous les ballons, présents au sol et dans les airs. Désormais pour marquer, il faudra batailler. Michael Jordan est prévenu. Les hommes de Riley termine la saison 1992-1993 avec le quatrième plus faible total de points encaissés (91,5 par match). Plusieurs joueurs figurent très souvent dans les listes des meilleures équipes défensives de l'année (Ewing en 90, Starks en 93, Oakley 94), mais il n'est pas utile de revenir sur le parcours tumultueux des Knicks lors des play-offs. His Airness(1992 et 1993), Hakem Olajuwon (1994) et Reggie Miller (1995) leur barreront sans cesse la route. Toutefois, notons qu'entre 1995 et mai 1997, l'équipe perd Pat Riley, son entraineur mythique (parti bouder à Miami après la défaite des joueurs de la Big Apple face aux Pacers en 1994), se sépare par la même occasion de Don Nelson (pour le plus grand plaisir du staff et des joueurs en 1996) et d'Anthony Mason, mais réussit à se maintenir à la tête du championnat avec 57 victoires pour 25 défaites, soit le 3eme meilleur résultat de l'histoire de la franchise. Désormais, Jeff Van Gundy est aux commandes du navire. De son côté, John Starks rafle le titre de meilleur 6ème homme de la ligue. La suite est moins heureuse. Le Heat de Pat Riley (le traitre) gagne la série en demi finale de conférence (4-3). L'année 2001 va sonner la fin du règne des Knicks (Starks, Oakley, Ewing, Camby sont déjà partis. Quant aux blessures de Larry Johnson, elles ne se comptent plus sur les doigts d'une main). Le départ de Van Gundy met définitivement fin à cette ère.
Comment expliquer ces nombreuses défaites en play-offs alors que le rendement des Knicks en terme de victoires est sans cesse positif ? Réponse hautement ironique : l'attaque. Et oui, l'attaque. Si la défense leur permet de gagner des matchs de saison régulière, la difficulté de marquer en play-offs leur est fatale. Le meilleur scoreur de l'équipe (Ewing) ne marquait pas plus de 25 points en moyenne par match et les grands évènements le rendaient lui et ses coéquipiers fébriles en attaque. Exemple marquant : en 1995, lors du Game 7 des demi-finales face à Indiana. Patrick Ewing manque le lay-up susceptible de ramener au score l'équipe de New York à la dernière seconde. Autre exemple douloureux pour les coéquipiers de Charles Oakley. En 1994, lors des Games 6 et 7 face aux Rockets, Starks choisit à plusieurs reprises le tir forcé face au géant Olajuwon. Le plus gros défaut des Knicks des années 90 va devenir le point fort des Knicks de 2010. Mais ironiquement, la défense va devenir à son tour, le point faible de ces derniers.
2010 arrive enfin. C'est l'année du renouveau. Mike D'Antoni, ancien head coach de Phœnix prend en main l'équipe. Amar'e Stoudemire, le meneur Raymond Felton, et le pivot français Ronny Turiaf sont engagés. Après de longues négociations, à partir de février 2011, Carmelo Anthony et Chauncey Billups porteront le maillot de la Big Apple. Le nouvel effectif termine la saison 2010-2011 avec un bilan positif et ils possèdent la 2ème meilleure attaque de la ligue (106,5 points). Et pour la 1ère fois depuis 2004, ils participent aux play-offs. Les désillusions surviennent rapidement, cependant. New York prend une sévère correction face aux Celtics, le score étant sans appel : 4 manches à rien. Conclusion, tout ça pour ça.
Calmez-vous. Restons positifs. On connait déjà le fond du problème : la défense ou plutôt l'absence de défense. D'après de nombreux spécialistes, le coaching de Mike D'Antoni demeure également un sérieux problème. L'ancien entraineur des Suns est reconnu pour son style run-and-gun et son amour de l'attaque. Mais tout le monde le sait, en play-offs: «Offense wins games, defense wins championships». Face à Boston, les Knicks New Generation n'ont pas été capable de stopper les C's dans le money time. Ils n'ont d'ailleurs jamais pu s'imposer en attaque non plus, face à la solide défense de leur adversaire. Pour Stoudemire, c'est grâce à cette attaque que les Knicks ont pu se qualifier en play-offs. Personne ne le contredira mais la défense gruyère n'est pas tolérée durant cette période. Il est évident que les blessures de STAT et Billups ont affaibli l'équipe. Mais c'est ici que le mental fait la différence. Lors de la saison 1998-99, Les Knicks Old Generation perdent la plupart de leurs cadres dont Ewing. Allan Houston et Larry Johnson haussent alors leur niveau de jeu et parviennent à faire qualifier leur équipe en play-offs avec un bilan de 27 victoires et 23 défaites (la saison est écourtée par le lock-out). L'aventure s'arrêtera en finale NBA face aux Spurs (4-1).
À New York, le très jeune Landy Fields n'a pas été à la hauteur face au vieillissant mais toujours brillant Ray Allen qui l'a dominé. Toney Douglas s'est constamment fait punir par Rajon Rondo. Stoudemire, qui n'est évidemment pas un montre défensif, n'a pas pu contenir l'intérieur superstar Garnett (35 ans).
Comme je l'ai mentionné précédemment, les Knicks ont la seconde plus mauvaise défense de la ligue. Sur leurs trois derniers matchs, ils encaissent 127 points face à Dallas puis 106 et 119 face à Indiana, soit une moyenne de 117 points pris sur ces trois dernières rencontres. Les statistiques individuelles sont un autre élément révélateur de leur faiblesse défensive. Le meilleur rebondeur de l'équipe n'est autre que Carmelo Anthony avec plus de 10 prises par match. Amar'e Stoudemire n'en prend que 8 en moyenne. L'équipe toute entière ne comptabilise que 40 rebonds par rencontre, une statistique qui la classe une nouvelle fois dans les derniers de la classe (20ème). Leurs adversaires, eux, en récoltent trois supplémentaires. De plus, cette saison, il faut regarder à la 61ème place (Toney Douglas avec 1,1% par match) pour enfin voir un Knick apparaître dans le classement des meilleurs intercepteurs de la NBA. L'effectif du coach manque également de grands costauds. Certes Ronny Turiaf mesure 2m08 mais il ne fait pas vraiment le poids face aux cadors de la NBA. Les appels dans la raquette se font évidement rares, un point qui aurait pu aider les Knicks en grande difficulté en un-contre-un.
Attention, la venue de Woodson ne va pas propulser les hommes de Mike D'Antoni au rang de meilleurs défenseurs. Il sera sans doute chargé de combler leurs lacunes défensives (c'est déjà ça). Il ne faut oublier que c'est leur attaque qui leur a permis de se qualifier en play-offs.
Il est donc inutile de s'alarmer, les Knicks sont encore en phase de reconstruction et leur marge de progression est immense.
En conclusion, je me permet de vous proposer ma recette pour jouer comme un véritable Knick. Être un rebelle, avoir une forte personnalité, jouer avec son cœur avant de penser au porte-monnaie (difficile à faire même pour nous, simples mortels), être adepte des basses besognes, avoir un comportement que beaucoup qualifieraient de "sauvage". Défendre contre vents et marées. Pouvoir marquer dans les moments les plus décisifs. Et enfin, ajouter à cela une pincée d'orgueil et de mauvais. Au regard de l'effectif actuel des Knicks, je pense les dirigeants ont de quoi faire pour gagner quelques matchs de plus la saison prochaine en play-offs.