La raison de ce succès ? Le monde médical bien entendu, l’univers préféré de nos amis américains, notamment avec ER ces dernières années, Grey’s Anatomy et House MD actuellement. Cependant, Grey’s Anatomy n’est pas qu’une série médicale à la sauce ER. Elle est avant tout une série funny, girly, sexy, dans laquelle sentiments amoureux, émois passionnels, étreintes torrides, attirances insurmontables et tromperies secrètes sont rois.
Cette troisième saison s’est inscrite implacablement dans la lignée Mc Bealienne.
Cependant à l’instar des saisons précédentes, le ton n’est plus si léger, la frivolité devenue lassante ennuie et les aventures réputées cocasses commencent à sévèrement décevoir. Fan de Grey’s Anatomy, j’ai du longtemps peser mes propos avant d’en tirer une review plutôt négative, malheureusement en raison de tant de défauts cette année, celle-ci était inévitable.
Une question nous ronge alors : à qui la faute ? Une grande fautive est à dénoncer : le showrunner de la série : Shonda Rhimes, qui face au mariage supposé subtil du drama-soap ne sait plus où donner de la tête et en vient à mettre gaiement les pieds dans le plat.
En fin de saison 2, les grands romantiques avaient le cœur lacéré lorsque Denny mourrait en plein bal, laissant une Izzie désespérée et inconsolable. En fin de saison 2, les fans de Meredith (que l’on compte sur les doigts d’une main, l’index m'étant réservé) se réjouissaient de voir sa petite réunion informelle avec Derek au détriment des efforts d’Addie, ce qui révolta les nombreux fans de la redhead (dont je fais également partie). La saison 3 était alors source de nombreuses attentes, attentes qui n’ont pas vraiment été comblées.
Première déception : le trio Derek-Addison-Meredith devenu soudainement Meredith-Derek-Finn, bâclant ainsi le largage d’Addison et le divorce de deux des grands protagonistes. Notre amie Shonda a préférée en effet centrer l’histoire sur un nouveau triangle amoureux, triangle agaçant et inutile puisque l’on sait de manière solide que Meredith préférera McDreamy au McVet.
Seconde déception : la psychologie ratée de plusieurs personnages. En premier lieu : Izzie Stevens, qui à la suite de la mort de son ex-futur mari est inconsolable, passant le plus clair de temps sur le carrelage de la salle de bains ou sur le plan de travail de la cuisine. Un chagrin tout d’abord fort bien manifesté mais qui devient rapidement insupportable lorsqu’il est question de réintégrer Izzie au Seattle Grace qui en plus de doutes et d’hésitations compréhensibles, bassine Burke, le chef et tout l’équipe médicale avec son grand vide personnel et qui se complait à penser qu’elle est la personne la plus malheureuse sur terre. On aurait largement préféré une Izzie triste et repliée que cette bonne femme égocentrique et impudique.
En second lieu : Miranda, la nazie de l’hôpital, tant aimée pour son despotisme et sa tyrannie, qui devint jusqu’au milieu de la saison 3 une sorte de carmélite compréhensive compatissante et généreuse, prêtant attention au bien-être de ses chers internes et de ses chers patients, notamment en décidant d’ouvrir une free clinic Denny Duquette alors que son bébé en bas-âge l’attend sagement à la maison.
En dernier lieu : Cristina ou l’interne la plus compétitive de l’hôpital qui nous régale de son envie de victoire et de son majestueux je-sais-tout qui du début jusqu’au milieu de cette saison n’est plus que l’ombre d’elle-même. En raison de la main tremblante de Preston, Cristina décide de couvrir son cher et tendre, s’oubliant elle-même et son cynisme légendaire.
Troisième déception : la storyline de Georges et son père mourant. Ce n’est que purement subjectif, mais cette histoire était la plus rasoir de toute la saison. Georges était simplement exaspérant (lorsqu’il ose s’en prendre à Miranda et Richard, lorsqu’il rejette Izzie ou Callie, lorsqu’il surveille Cristina) et la mort de son père ne m’était ni plus ni moins qu’indifférente.
Quatrième déception : l’épisode spécial de la saison centré cette année sur l’accident de ferry et la noyade de Meredith (voir note précédente) qui non sans être haletant est tombé dans le mystique le plus complet.
Cinquième déception : l’acharnement de Shonda sur cette pauvre Meredith qui en fin de saison 3, sans trop en dévoiler, atteint un point de non-retour : son père se montre être un véritable fumier et Derek s’avère être un véritable goujat.
Sixième déception : le récent rapprochement amoureux d’Izzie et Georges qui montre que toutes les possibilités de couple ont bien été utilisées. Heureusement, lorsqu’on apprécie un gentil Georges et une gentille Izzie, et lorsqu’on méprise la monstrueuse Callie, on ne pouvait être que ravi de cette récente alternative.
Ultime déception : le départ d’Addison dans sa nouvelle série, Private Practice, spin-off de Grey’s Anatomy dont le pilot très mitigé a une double conséquence : une future série clichée attendue et insignifiante, qui ne passera selon moi pas le cap d’une saison, et le départ d’un personnage attachant et essentiel au bon fonctionnement du Seattle Grace.
Ainsi, ces quelques défauts pris ça et là, ajoutés au manque d’aventures savoureuses et d’ingrédients soaps démontrent une saison particulièrement décevante par rapport au potentiel indiscutable de Grey’s Anatomy.
Néanmoins, cette déception n’est pas totale et Grey’s Anatomy a su garder quelques uns de ses piliers fondamentaux. En tête, le capital sympathie de tous les protagonistes qui malgré quelques entorses demeure intact ; les cas médicaux de surcroît qui pour certains entretiennent la fascination et l’ambition de Grey’s Anatomy ; une bande originale également, toujours aussi parfaite d’épisode en épisode (allant de Beck, Damien Rice et Kate Havnevik à The Pipettes ou Ingrid Michaelson en passant par Aqualung et Joshua Radin) et pour finir, les surprises imprévues de certains épisodes (notamment la mort soudaine de Susan, la belle-mère de Mer’, et l’arrivée inattendue de la fille d’Izzie) qui montrent ainsi que Grey’s Anatomy n’a pas dit son dernier mot et nous réserve encore quelques bons et grands moments.