Les chercheurs, Jessica LaRocca et Marie Hixon (ci-contre) constatent que donner même de fortes doses de BPA à des souris enceintes n'a pas d'effet négatif sur les systèmes de reproduction de leurs fils. Elles suggèrent ici que leur métabolisme pourrait contribuer à la désintoxication. En revanche, de tout premiers résultats sur les souris « filles » sont alarmants.
Le bisphénol A (BPA), ce composé utilisé dans de nombreux produits de consommation et leurs conditionnements, est récemment devenu tristement célèbre et interdit dans certains états des Etats-Unis, pour son effet perturbateur endocrinien, rappellent les auteurs. Mais, cette étude de l'Université Brown pourrait atténuer certaines craintes du grand public. Masculin.
Les mamans souris ont été exposées au BPA du 10è au 16è jour de leur grossesse, la période durant laquelle les organes sexuels du fœtus sont en développement. Les mères souris ont consommé une solution avec une dose de BPA journalière admissible, les autres souris ont reçu une solution 20 fois plus concentrée en BPA. Les chercheurs ont ensuite étudié la taille de la portée et la viabilité des petits puis examiné les caractéristiques de plusieurs des organes de reproduction des fils souris adultes.
Du côté des garçons : Quelle que soit la dose de BPA reçue par la mère, la taille de la portée n'est pas modifiée par rapport aux témoins, à la fois à la naissance et au moment du sevrage. Chez les souris adultes mâles, le poids des testicules, des vésicules séminales et le poids corporel ne sont pas différents. Les canaux séminifères, la numération des spermatozoïdes, et les niveaux de testostérone chez les fils souris exposés in utero ne sont pas significativement différents. Les souris exposées ne montrent aucune mortalité excessive des cellules qui fabriquent les spermatozoïdes ou aucune différence dans les niveaux d'ARNm (Acide ribonucléique messager) associé à la maturation des testicules.
Du côté des filles : Si ces résultats sont encourageants pour la santé reproductive de l'homme, à supposer que la transposition de ces résultats à l'homme soit légitime, sur les souris femelles, l'expérience, quoique « préliminaire » précisent les auteurs, montre des signes d'effets négatifs durables sur l'exposition au BPA sur les glandes mammaires et les ovaires. Mais ces résultats doivent encore être confirmés par d'autres essais.
Les chercheurs tentent de nous rassurer, les humains ne peuvent pas être exposés à un tel niveau d'exposition au BPA que celui auquel les souris ont été exposées. Ensuite, ils suggèrent que les mères et leur progéniture seraient capables de détoxifier la plupart du BPA par l'intermédiaire de leur métabolisme, ce qui implique de tester les effets de l'exposition au BPA du système digestif, la voie la plus courante d'exposition pour les humains.
En revanche, des effets du DES confirmés : En revanche, en testant les effets du diéthylstilbestrol (Distilbène®, DES) par ingestion, les chercheurs confirment de nombreux effets négatifs déjà documentés. Chez les souris, le DES a considérablement réduit la taille des portées et l'expression des ARNm associé à la maturation des testicules.
Source:Birth Defects Research Part B: Developmental and Reproductive Toxicology, 2011; DOI: 10.1002/bdrb.20336 Effects of in utero exposure to Bisphenol A or diethylstilbestrol on the adult male reproductive system