Les mots n'ont pas qu'une résonnance; ils
ont une masse, une épaisseur, une couleur et une texture, de même aussi qu'un mouvement.
Il y a des mots pelucheux, des mots laineux et des mots rêches. Des mots rugueux et des mots fluides. D'autres qui s'enflent et respirent très fort, à pleins poumons;
d'autres qui, au contraire, se ratatinent et se fripent.
Il y a des mots extensibles à l'infini comme des plaines, de grandes prairies libres sans horizons, où le vent court. Il y a des mots restreints comme des confinements,
des mesquineries.
Il en est aussi qui lancent des éclairs aptes à balafrer le ciel; des étincèles dont la brièveté de vif-argent bondit et déchire.
Et puis, il y a des mots ronds, dont on aime caresser le duvet; des mots qui paraissent avoir emprunté sa soie à l'air du soir. jusqu'à des mots
angoras dont la main, soudain, ne veut plus lâcher le pelage...
Patricia Laranco