"Les temps sont durs pour les sériephiles.
- Un, les séries cultes ont disparu de l’antenne, de Six Feet Under il y a deux ans, à Rome, Gilmore Girls ou Sopranos cette année en passant par les quelques Arrested Development, Deadwood ou Sex & The City, on se demande véritablement si le sériephile que l’on est redécouvrira un coup de cœur aussi puissant que celui que l’on a eu pour ces quelques grands noms.
- Deux, les bonnes séries ne sont pas regardées, pire ignorées et les médiocres sont au contraire adulées, en tête, les formula show des networks, qu’ils soient cop (CSI, Without a Trace, Law&Order) lawyers (Shark) ou médical shows (House, MD, ER), chacun de ses concepts rébarbatifs aspirent à un renouvellement permanent.
- Et trois, les nouvelles recrues ô combien intéressantes sont immédiatement annulées, le dernier exemple étant la série la plus intelligente de la grille de NBC de cette année : Studio 60, also known as la désillusion d’un nouveau ettalentueux West Wing.
Conclusion ?
Le sériephile déprime, s’isole et s’inquiète de l’avenir des séries tv et ce ne sont pas les grilles de l’automne prochain, laissant plutôt perplexe, qui pourront l’apaiser. Il y a bien l'intriguant Pushing Daisiesqui tentera de se substituer au culte Dead Like Me, Cashmere Mafia au grand Sex & The City, The IT Crowd qui concurrencera The Office et The Bionic Womanl’ultime saison de Battlestar Galacticamais je ne vois pas le nouveau Six Feet Under, le second Twin Peaks, le remplaçant Carnivàle ou l’original à l’image de la modeste Veronica Mars."
Original. Oui. Voire inégalable. Veronica Mars nous a en effet procuré pendant ces trois dernières années un plaisir ininterrompu. Pour ses histoires tarabiscotées, ses déroulements incompréhensibles, ses grandes surprises, son irremplaçable héroïne, ses scenarii finement écrits et son ambiance à la fois noire et californienne, et ses Fitzpatrick aussi.
Son annulation pouvant affecter le fondement d’une critique, je préfère signaler que tout ce qui suit sera purement subjectif, dû à un trop-plein d’émotions incontrôlable.
Outre la fusion WB-UPN en CW, Veronica Mars était condamnée d’avance, mauvaises audiences pour cause. De plus, cette chère Capitalist Whore qui au delà de sa politique d’achat de séries plutôt proche des teen shows d’ABC Familyque des œuvres signées HBO,a pensé bon de moderniser et renouveler le concept martien en Veronica Mars-lite. A part deux arcs d’entrée, la saison sera constituée de loners, sympas et légers qui montrera que Kristen Bell est über cool.
Nouvelle chaîne, nouvelle saison, nouveau concept, nouvel univers et nouveau ton. Oublions les décors de Neptune, la trame principale se passe désormais à Hearst, faculté de Veronica dans laquelle elle apprend la criminologie et dans laquelle évidemment elle brille. Oubliez la riche distribution de rôles secondaires et en parallèle de potentielles pistes suspicieuses, Mac et Wallace grands amis de Veronica font dans la majorité de cette saison 3 figures de plantes vertes, payées à donner deux ou trois répliques à la jolie détective, histoire de montrer qu’elle garde encore quelques amis. Oubliez le Logan d’antan, le Logan combatif têtu, qui joue du sarcasme et de la prose, le Logan d’aujourd’hui n’est plus que l’ombre de ce premier, un figurant, au mieux, un sidekick aux airs plus que jamais de chien battu.Peu importe, la série se déroule et bien que l’on ne retrouve pas le charme du début personnifié par Lily Kane ou l’intensité de la seconde saison manifesté par les trois arcs confondus sur les Fitzpatrick, l’accident de bus et le meurtre de Felix, le fan de Veronica Mars se doit d’apprécier cette ultime et l’on ne peut pas nier que cette saison est fidèle à l’image de notre Veronica, quitte même à en devenir le « Veronica’s Show », ce qui ne peut forcément pas déplaire aux fans de la pétillante détective.
Partisan de la politique du verre à demi plein, je ne vois pas en cette ultime saison qu’une énorme déception concernant des arcs bâclés et dont la résolution était fortement douteuse. Bien que je reconnaisse que violeur de Hearst et tueur du doyen n’ont rien d’égal à l’assassin de Lily et au terroriste-violeur de Veronica, je vois davantage en cette saison 3 une saison de bonne facture, plutôt distrayante, qui a fait honneur principalement à notre gentille héroïne et à son monde cruel et qui a eu le bon goût de mettre en scène des one shots sympas sur Veronica’s Land avant de passer définitivement à la trappe.
Alors que le changement de concept a été la cause de bon nombre de révoltes virtuelles, ce sont en effet ces fameux loners de fin de saison qui se sont révélés satisfaisants. Se concentrant davantage sur un Personnage qu’un Concept, sur ses histoires de cœur, sa vie quotidienne et son tissu relationnel, le show a su subtilement épargner des enquêtes longues et insignifiantes semées ça et là toutes saisons confondues et principalement en début de la dite saison 3 et a ainsi su mettre en scène avant tout une Veronica amoureuse et indécise. Veronica n’a pas à retrouver un chien d’un nerd abruti, mais un singe qui la met face à la cruauté des laboratoires scientifiques (parfait pour Kristen Bell), Veronica n’a pas à enquêter sur un homme volage mais doit infiltrer fraternités et sociétés secrètes liées à une certaine Lily Kane. Du pareil au même pour certains, pas pour moi, Veronica y est montrée plus impliquée émotionnellement et arrive à un niveau de maturité rarement atteint pour un jeune personnage de série.
We’ll miss you Veronica Mars.