- Le synopsis :
Ash est un farlander, un "homme du lointain" venu d'une île où les hommes ont la peau noire. Il appartient à un ordre d'assassins d'élite, les Rõshun, qui fournissent une protection fondée sur la vendetta: qui menacerait la vie de leurs clients deviendrait leur cible. Nul ne s'y risque, car nul n'échappe aux Rõshun. Mais Ash est vieux et malade. Le temps est venu de prendre un apprenti qui lui succèdera. Il choisi Nico, un gamin de la cité de Bar-Khos, assiégée depuis dis ans, dernière à résister à un empire d'une atroce cruauté. Affamé, désespéré, Nico n'a pas de meilleur choix que de suivre le vieil homme au monastère des Rõshun où il apprendra le meurtre, mais aussi l'amitié et l'amour... Le jour où l'héritier de l'Empire égorge délibérément une jeune fille portant le sceau des Rõshun, l'ordre exige d'assassiner l'homme le mieux protégé du monde. Les Rõshun échouent l'un après l'autre. Ash se propose, il n'a plus rien à perdre. Le jeune Nico l'accompagne.
- Mes impressions :
Après le buzz énorme lancé par Bragelonne autour de ce livre, que les éditions proclamaient comme leur coup de cœur de l’année 2011 et le nouveau Gemmell, j’étais hyper impatiente de le lire. Et puis après avoir dévoré la trilogie de l’Ange de la Nuit de Brent Weeks, j’avais bien envie de retrouver un personnage d’assassin. D’autant plus que ceux qui avaient pu le lire avant sa sortie ou juste après criaient tous au chef d’œuvre !
Pour toutes ces raisons, je pense que j’en attendais beaucoup trop… Et la déception de mon côté est donc assez grande. Je ne dirais pas que ce livre est mauvais, car ce n’est pas le cas. L’écriture n’est pas mauvaise du tout, et bien que l’intrigue soit tout ce qu’il y a de plus classique en fantasy c’est aussi le cas de nombreux chefs-d’œuvre. Simplement, je n’ai pas accroché à l’histoire, aux personnages, à l’univers.
D’abord l’univers : il y a quelques postulats de base auxquels je n’ai pas réussi à adhérer, à commencer par le concept des Roshuns et de la vendetta. Les gens payent pour la protection du sceau, une sorte de pendentif vivant qui est censé dissuader les assassins de les tuer. Car une fois le porteur du sceau mort, le sceau lui-même meurt à son tour, les Roshuns en sont informés et lancent alors une vendetta : ils vont poursuivre le tueur et mettre fin à sa vie. Ce procédé est, selon l’auteur, suffisamment dissuasif pour éviter aux porteurs de sceau de se faire assassiner. Sauf que dans le même temps, on se rend compte que les vendettas sont monnaie courante, et qu’en plus les Roshuns n’arrivent pas toujours à tuer les assassins en question ! Pas très efficace comme protection donc.
De plus, si on s’attarde un peu sur ce concept, finalement il n’est pas très utile à la société : deux morts sur les bras (voire plus si certains Roshuns se font tuer avant de débusquer l’assassin), et rien n’est résolu si au final l’assassin a bien réussi à tuer sa cible ! C’est vraiment la loi de la jungle, alors pourquoi payer pour un sceau qui ne protège même pas sa propre vie ? Et puis, si on est assez intelligent, on envoie un désespéré sans le sou assassiner qui on veut et subir la vendetta, pendant que nous on reste tranquille chez soi à monter ses petits complots. Et d’ailleurs, autre problème de cohérence, Ash semble considérer que la vendetta n’est que justice, et pourtant il argumente contre l’idée de vengeance à certains moments du livre. Faudrait savoir…
Autre élément de l’univers qui m’a chagriné : bienvenue chez Astérix et les gaulois, on nous présente une ville, Bar-Khos, qui résiste encore et toujours à l’envahisseur, Mann. L’Empire de Mann est un ordre religieux dont le but ultime est de régner sur le monde, et qui visiblement possède un arsenal guerrier assez important et a réussi à soumettre la quasi-totalité des territoires existants. Mais bizarrement, une petite ville résiste grâce à ses remparts, et Mann se voit contraint de faire un siège à rallonge, qui dure depuis dix ans, sans voir d’issue au conflit. Mais pourquoi un Empire aussi puissant s’embête-t-il à monter un siège interminable alors qu’il peut attaquer par la mer ? Même si à la base il n’avait pas de flotte guerrière, en dix ans, on a largement le temps d’en monter une et de lancer une attaque. Attendre aussi longtemps pour lancer une véritable offensive est franchement bizarre je trouve…
Bon voilà pour l’univers. Ensuite au niveau des personnages, j’ai été assez déçue par Ash. Certes c’est un grand guerrier, mais il est très lunatique et on ne sait quasiment rien de lui. Il ne vaut pas Durzo Blint à mes yeux. Quant à Nico, c’est un apprenti comme les autres, et j’ai apprécié le fait qu’il ne soit pas subitement super fort ou quelque chose dans ce goût là. Cependant, il n’est pas très courageux, et je n’ai pas toujours compris ses choix, donc je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher à lui. J’ai préféré par exemple Sérèse et Aléas, ou même Baracha, qui sont plus intéressants je pense. J’espère d’ailleurs qu’ils seront un peu plus approfondis par la suite. J’ai également été intriguée par Ché, et j’espère que l’auteur fera bon usage de ce personnage qui lui offre pas mal de possibilités pour les tomes suivants. Quant aux méchants, ils ne sont pas très crédibles je trouve… Le seul d’entre eux qui m’a interpellé est la mère de la Matriarche Sasheen (l’impératrice de Mann). Ses manœuvres sont celles qui se rapprochent le plus d’un méchant intéressant et intelligent. Il y a à côté de ça certains personnages dont on ne comprend pas trop l’utilité (du moins pour le moment) ni le comportement, notamment Bahn.
Tous ces éléments combinés m’ont laissé un goût de déception prononcé. Malgré tout, la lecture est fluide, le rythme du récit est bon et l’écriture agréable. Mais je suis restée en surface : je n’ai pas adhéré à l’univers, je ne me suis pas identifiée aux personnages, et au final, je n’ai donc pas ressenti l’émotion que l’auteur a voulu faire passer. Je pense notamment à la fin de ce tome, que beaucoup avaient trouvé super et pleine d’émotion. Je comprends leur point de vue, d’ailleurs cette fin m’a surprise, et c’est un bon point pour l’auteur. Mais je n’ai strictement rien ressenti dans les moments où j’aurai du avoir les larmes aux yeux, ce qui est très mauvais signe…
- Ce qu’il faut retenir :
Une grosse déception pour ce livre dont j’attendais beaucoup : je n’ai pas adhéré à l’univers (bancal sur certains points à mon avis), ni aux personnages (quelques uns sont intéressants cependant, donc à voir pour la suite). Je suis restée en surface et je n’ai pas ressenti d’émotion à la lecture. Malgré ces points négatifs, le style d’écriture n’est pas mauvais du tout et le récit est bien rythmé, ce qui fait qu’on ne s’ennuie pas. Ce premier tome est surtout là pour mettre en place l’univers et les personnages, je pense donc malgré tout continuer avec le second tome, en espérant ne pas être déçue à nouveau.
5/10
Mouais… Trolle est déçue :(
Lu dans le cadre du Challenge ABC Fantasy / Bit-Lit :
23/26