A l'issue de ma lecture, je me suis posé la question de savoir ce qui différenciait l'information du net et l'information papier. Je ne partage d'ailleurs pas totalement la conclusion de l'article. Sur le fait qu'il faille produire de la qualité, je suis parfaitement d'accord. Mais internet n'est pas suffisant pour être considéré comme crédible et exister. Internet, c'est aussi le royaume du lobby et le risque, c'est de croire que c'est la vraie vie. Si on en reste à internet, les bretons sont indépendantistes. Est-ce le cas? Non. Simplement, ceux qui le sont se sont appropriés la blogosphère pour écrire ce qu'ils ne parviennent pas à dire ailleurs. Internet est donc plus un espace défouloir, une bouteille à la mer, qu'un réel outil d'information objectif (même si l'objectivité, on sait ce que cela vaut).
Internet, pour moi, n'est pas une source d'information complète. On y trouve tout et n'importe quoi et il faut au préalable disposer de clefs de lecture pour se retrouver dans cette masse d'informations à trier. Ces clefs, on les acquiert en lisant, en discutant, en étant curieux in the real life. N'allez pas croire que je sois anti-net. Il est indéniable que dans un Etat où la presse est centralisée autant que ses institutions, les réseaux sociaux ont rééquilibré la balance médiatique entre petits et gros partis. Moi-même, je suis un adepte d'internet, mais je vois aussi le stress que peut procurer une info sur le net alors qu'au final, c'est un épiphénomène.
Quoi qu'on en pense, c'est encore la radio (France inter) et le journal qui font l'opinion. Comme dit le dicton, "c'est dans le journal" (sous-entendu, c'est vrai!). En Bretagne, il n'y a guère que Le Télégramme et Ouest-France qui comptent. Localement, Le Mensuel du Golfe, le Trégor (groupe OF) et Presse Océan (groupe OF aussi!!!) tirent leur épingle du jeu. Côté mensuels bretons, ça ne décolle pas. On peut railler le Peuple breton, mais j'ai appris récemment que feu Bretagne magazine (qui a cessé en 2007) avait 400 abonnés! Tu parles d'une réussite. Bretons ne fonctionnent pas si bien apparemment malgré leur position idéale dans les kiosques (diffusion OF) et le seul mag qui carbure, c'est Bretagne magazine, la Bretagne des promenades! Mon grand-père, mémoire de Ploumanac'h, est passé dedans, mais le mag a plus parlé de la beauté du site que de ce qu'il racontait. Triste. Mais c'est pourtant ça la réalité: les gens l'achètent. Côté militant, le Peuple breton reste donc bon même si ce n'est pas la folie furieuse, impossible de le nier. Idem pour Bremañ, mensuel bretonnant de bonne qualité, mais qui vit au-dessus de ces moyens à mon avis.
Maintenant, suffit-il de bouger dans la vie pour passer dans la presse, telle est la question! Sans être prétentieux, depuis 3 ans, le bilan des Jeunes de l'UDB est plutôt impressionnant pour une si "petite" structure: des dizaines de communiqués, de visites, deux tro-breizh pour expliquer ce qu'est l'autonomie, un nettoyage de ruisseau, une reconstitution de talus, 5 week-ends de formation, des conférences dont certaines en breton, une réflexion jeunes et le festival Reuz er vro à Brest à partir de jeudi prochain (j'en oublie certainement)... ça, personne ne l'a fait, ni un autre parti breton, ni le MJS (ce qui ne veut pas dire qu'ils ne sont pas plus nombreux que nous).
Face à ce bilan, la presse a réagi étrangement. OF et Le Télégramme se déplacent de temps en temps (pas de Télégramme pour une réflexion jeune inédite, toujours pas pour Reuz er vro!). Quant aux médias bretons, autant dire qu'ils ne nous aiment pas. Je ne suis pas vraiment parano en disant ça. Ya! reste le plus sympa même s'ils n'ont rien passé sur la réflexion jeunes que nous venons de terminer si ce n'est une critique disant que nous n'abordons pas le gallo. Mais ne donnons pas le bâton à ceux qui parlent de nous. D'autres ne s'en donnent même pas la peine! Sans doute se disent-ils que nous avons notre propre presse et que cela suffit. Voilà "l'objectivité" de la presse aujourd'hui: un pet de mouche de la part d'un ténor UMP ou socialiste fait une page, un festival de trois jours organisé par des bénévoles politiques fait trois lignes!
Mais revenons au net. De nos jours (et l'article de Sterne en convient), il suffit d'une personne pour révolutionner la blogosphère. Ainsi, les identitaires et autres nuisibles nous font croire qu'ils sont des milliers alors qu'ils se comptent sur les doigts des deux mains. A l'UDB, nous sommes en retard côté communication. Le site mère, il est vrai, est nul ou en tout cas pas adapté à la réalité actuelle du net. Mais ça vient. Les Jeunes de l'UDB bricolent mieux, mais bricolent quand même. Qu'importe, nous serons toujours, pour notre "famille politique", les nuls, les zéros, les gentils, les traîtres. Mais faites donc votre examen de conscience messieurs les donneurs de leçons! A part critiquer, que produit l'Emsav? Pas grand chose! L'UDB, ce sont peut-être les minables, mais la dernière manif' de Nantes a encore prouvé qu'il ne suffisait pas d'écrire des articles de blog pour exister.
Ce qui fait notre force n'a jamais été internet, mais le terrain. Quoi qu'on en dise, je préfère mon Peuple breton à n'importe quel journal internet qui n'offre pas la moitié de ce que nous produisons mensuellement. L'information papier n'est pas plus "noble", elle est simplement plus lue. Pourquoi? Parce que tout simplement, il n'y a que les geeks pour lire sur un écran de longs textes. Regardez donc Françoise Morvan? Qui a pris la peine de lire ses 80 pages de bile? Personne. Pourtant, les jacobins sont légions... Le terrain, les réseaux!
Bref, il ne suffit pas d'internet pour exister. Et côté terrain, il n'y a guère que Breizhistance (Rennes particulièrement) et l'UDB qui l'ont compris. Côté asso, ma préférence va à Ai'ta qui sont plutôt très bons et positifs. Et puis, évidemment Diwan.
Pour conclure, voilà ce qui m'inquiète. "On a surtout l'impression que beaucoup de militants n'ont pas saisi le fait qu'un nombre croissant de personnes ne s'informe plus en premier lieu par la radio, la télé ou à plus forte raison la presse, mais avant tout par le web" écrit le rédacteur de Sterne. Ces gens-là risquent simplement de se faire une vision idéalisée du monde et de rester à la surface des choses. Le monde est complexe et il ne suffit pas d'avoir la vision d'un militant (même la mienne ;-) ) pour se faire une idée de son état.