Les crimes que j’ai commis

Publié le 23 septembre 2011 par Raymondviger

Trois crimes et deux prisons

Je suis en prison pour plusieurs crimes. Le pire d’entre tous, c’est celui d’avoir déversé ma souffrance sur les autres alors qu’elle m’appartenait.

Jean-Pierre Bellemare, prison de Cowansville. Dossier Prison

Je suis en prison depuis si longtemps que ma montre n’a pas assez de chiffres pour indiquer le nombre d’années.

J’y suis pour plusieurs crimes. Le pire d’entre tous, c’est celui d’avoir déversé ma souffrance sur les autres alors qu’elle m’appartenait.

Mon second crime, tout aussi grave, fut de ne pas avoir demandé de l’aide quand on me faisait mal ou quand je me sentais seul, triste, pas bon, pas aimé.

Mon troisième crime ne laisse pas sa place non plus. C’est d’avoir désobéi à des gens qui voulaient mon bien. J’étais persuadé que personne ne pouvait comprendre mes problèmes ou mon malheur.

Ma première prison

Aujourd’hui, quand j’y réfléchis, je réalise qu’on ne pouvait me comprendre parce que je gardais tout ça au fond de mon cœur. C’est ainsi que j’ai abouti dans ma première prison. Chaque problème que j’ai caché ou ignoré s’est transformé en barreaux d’acier. Je me suis renfermé sur moi-même en croyant innocemment que si je jouais au dur, à l’insensible, je le deviendrais vraiment. Grave erreur.

J’ai passé le trois quart de ma vie enfermé avec mes problèmes. Privé de mes amis, de ma famille, plus personne pour m’aimer. Ma dure leçon doit servir d’exemple pour aider les autres à demander de l’aide, de l’amour ou simplement du soutien lorsqu’ils en ressentent le besoin. Les pires prisons se trouvent dans le cœur de ceux qui souffrent et qui sont incapables de se libérer de leurs problèmes.

L’école ou la prison?

Comme la plupart des prisonniers, j’ai abandonné l’école parce que je me croyais plus fin que les autres. J’ai pris de la drogue et de l’alcool pour oublier mes faiblesses au lieu de les affronter et les corriger. J’ai compris qu’à chaque fois que j’ai humilié quelqu’un en le rabaissant, c’était uniquement pour me détourner de mes propres bobos, de ma jalousie. Jusqu’au jour où j’ai décidé de réparer mes erreurs en évitant aussi de les répéter. Cela m’a fait grandir. Je respire plus facilement. J’apprécie maintenant les cadeaux que mes efforts me procurent.
 
J’ai découvert de bien belles choses après avoir appris à demander de l’aide. Que la vie est véritablement jolie lorsqu’on prend le temps de sentir les fleurs sans les arracher car elles ne nous appartiennent pas. Qu’un sourire remplit un cœur mieux qu’un billet de banque. Que la gentillesse et la bonté adoucissent le malheur de ceux qui souffrent et embellissent le bonheur de ceux qui aiment.

Je vous salue tous et vous invite à devenir des personnes heureuses. C’est ainsi que les parfums naissent, que les yeux s’illuminent et que les sourires se partagent.

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