APPARAT
The Devil’s Walk
Mute (2011)
En France on a la French Touch, des groupes qui ne se renouvellent plus depuis le premier mandat de Chirac, et naïvement on croit que partout ailleurs les choses sont restés identiques. Pourtant il suffit de regarder chez nos voisins allemands pour s’apercevoir que les choses évoluent, souvent vite et bien en plus.
Le cas Sascha Ring illustre cela à merveille, ayant commencé par de la techno dance floor, il a progressivement glissé vers la musique ambiante, a collaboré avec Modeselektor le temps d’un album IDM (Moderat) et revient aujourd’hui avec un disque naviguant quelque part entre Sigur Rós et Brian Eno, dans un univers éthéré et délicat. Dés le morceau d’ouverture (« Sweet Unrest »), on est saisi par ce climat entre rêverie et monde faussement enfantin, au détour duquel on croise Anja Plaschg (Soap&Skin), la voix la plus troublante de ces dernières années pour un « Goodbye » sépulcral. Tout au long de l’album Apparat nous montre qu’il maitrise son nouveau terrain de jeu, vers lequel il a évolué naturellement (l’album « Walls » laissait présager la direction musicale actuelle).
Un disque qui va surement déconcerter les fans de lobotomie à beats appuyés, mais qui saura élargir son audience à tous les mélomanes avisés. Une anecdote qui en dit long, j’ai eu la chance de voir le bonhomme en live lors du dernier Calvi on the Rocks, où il n’est pas venu en formation Dj mais bien avec un groupe, une guitare à la main et a su captiver la moitié du public, totalement sous le charme tandis que l’autre moitié se pressait au bar en attendant fébrilement le passage des Djs pour des sets très basiques (je vais rester poli). Bref un disque touchant, beau et riche mais qui ne s’adresse pas à tous, et c’est mieux ainsi.