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Tunisie : les élections, Internet et les femmes

Publié le 23 septembre 2011 par Jujusete

Pas facile pour un Tunisien qui se rendra aux urnes le 23 octobre prochain, de s’y retrouver. Il s’agira d’élire l’assemblée constituante du pays. Sur l’ensemble des circonscriptions, on ne dénombre pas moins de 10.000 candidats, sur 1711 listes pour… 217 sièges.


Parmi ces candidats, on retrouve les opposants « historiques » à Ben Ali plus ou moins controversés par la jeunesse que sont le PDP et le PCOT mais aussi 40 % des listes montées par des candidats indépendants, qui ne sont pas représentées sur l’ensemble du pays, faute de réseaux ou de candidats. L’information passe très bien à Tunis, ce qui n’est parfois pas le cas sur l’ensemble du pays.

Le web s’invite dans la campagne

Conscients du rôle de l’Internet dans le quotidien des Tunisiens, la plupart des partis politiques ont créé ou amélioré leur site Internet. La nouveauté reste leur présence sur les réseaux sociaux : Avec près de 2,5 millions de comptes Facebook existants en Tunisie, contre 1,8 millions à l’aube de la révolution, c’est plus de 20% de la population qui évolue en ligne. Les partis l’ont compris et traitent en direct avec les électeurs via une centaine de groupes Facebook, 52 sites web et une dizaine d’entre eux sont même allés jusqu’à créer une WebTv ou une WebRadio, c’est le cas du mouvement Ettadjid (gauche), d’al Mustakbal (droite) ou même de l’opposition historique avec le PDP (gauche) qui a ouvert une chaîne Youtube.

Même l’instance organisatrice des élections, l’ISIE, a compris l’utilité du web : réunions et conférences de presse sont diffusées en direct sur son site. Son compte twitter est aussi très actif, via un service de communication qui transmet chiffres, numéros de téléphone ou informations dès qu’une question lui est posée.

Ecrire la constitution ?

Dans ses locaux du centre-ville, Afkar Mostakella, le premier think tank tunisien, a encouragé les candidats indépendants via une politique innovante de partage et débat d’idées sur Internet sur le site afkar.tn. Le programme des candidats indépendants soutenus par Afkar vient directement de la population : « L’internet n’est pas utilisé pour toucher l’électeur final, confie Farès Mabrouk, l’un des fondateurs de la structure, mais pour connecter des volontaires qui vont faire des campagnes. Tout le travail se fait ensuite sur le terrain. »

Les idées, postées et débattues par les internautes, sont aussi partagées sur les réseaux sociaux et font leur chemin. La structure aide aussi les indépendants à mener leur campagne, organiser leur communication mais les assiste surtout dans des démarches qui relèvent parfois du parcours du combattant. Sont aussi prévues des formations, la dernière a rassemblé une vingtaine de candidats indépendants regroupés autour des valeurs que défend Afkar.

Et lorsqu’on lui demande s’il n’a pas peur que les idées portée par Afkar soient ensuite utilisées par d’autres candidats, une fois élus, Farès Mabrouk sourit et répond « C’est la meilleure chose qui puisse nous arriver. Les idées ne nous appartiennent pas, ce sont les idées des Tunisiens. Si nous les défendons, c’est pour qu’elles soient mises en place. »

Surprenantes inscriptions

Le plus important travail, à un mois du vote, reste l’organisation même, de ces élections. Premier couac il y a quelques semaines lors de la clôture des inscriptions. Alors qu’on aurait pu croire que le sursaut révolutionnaire aurait poussé les gens à s’inscrire rapidement et en masse pour pouvoir voter, il n’en est rien. Des Tunisiens, notamment, ont eu peur de voir leur coordonnées et renseignements d’état civil mal utilisés « on sort d’une période de fichage, de flicage, je ne veux pas qu’on sache où j’habite, » confiait Zied qui a refusé d’effectuer une démarche d’inscription.

C’est finalement l’ensemble de la population qui pourra voter sans aller s’inscrire puisque après deux reports de la date butoir, il a été décidé que la démarche ne serait pas obligatoire et que les Tunisiens, hors expatriés, serait inscrits d’office sur les listes des votants.

La place des femmes

Avec autant de candidats et de listes en course, on ne peut pas dire qui aura la majorité dans l’assemblée constituante tunisienne. Les grandes perdantes du scrutin sont pourtant déjà connues, il s’agit des féministes. Même si la parité est respectée, seulement 5% des têtes de listes sont des femmes.


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