Un amour qui affiche ses débuts au Café Chéri(e) et son épuisement au Train de vie, deux cafés parisiens dont les noms condensent l’histoire de Roméo et Juliette. Un train d’enfer, pourrait-on dire, tellement ce film relate une course pour la vie, même si le train de vie en souffre, si le couple y met toute son énergie, son temps et son argent, ne pouvant en garder pour lui-même. Il s’agit de sauver la vie d’un enfant, leur enfant, Adam, atteint d’une tumeur au cerveau.
Il y a de grands moments d’émotion dans ce film, bien sûr, mais le rythme, le fait de se concentrer sur le couple et son combat, les musiques choisies et leur place dans l’action, interdisent tout apitoiement. De quoi s’agit-il ? Seulement du combat de deux parents pour la guérison de leur fils ? Ou bien aussi de l’histoire d’un couple de jeunes gens confrontés à ce que nul n’envisage (« Pourquoi nous ? », se demandent-ils) ? Deux chansons chantées par des acteurs dans le film disent l’état d’esprit de ce couple : « Ton grain de beauté » exprime l’amour et le désir quoi qu’il leur arrive à ce moment-là (ils viennent d’apprendre le mal dont souffre leur fils) ; « Je ne peux plus dire je t’aime » est un terrible aveu qu’il va leur falloir assumer pour continuer quand même le combat. Car c’est là qu’est la force de ce film : résister ensemble, lutter ensemble pour la vie de l’enfant, même si l’amour entre Roméo et Juliette flanche.
Il y a beaucoup de symboles, les prénoms d’abord (et ça pourrait être une plaisanterie), les transports (tout va vite, et pourtant le combat va être long), l’appartement (qu’il faut rendre habitable et qu’ils n’habiteront pas), la mer qui, à la fois, ferme et ouvre le paysage… Et il y a les voix off qui mettent cette distance évitant la manipulation que pourrait induire une sorte de cinéma-vérité.
J’ai pensé parfois à un autre film qui confronte un jeune couple au cancer : Haut les cœurs, de Solveig Anspach. Il me semble qu’on y trouve la même énergie de vivre. Et une forme d’hommage à l’hôpital public.