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Edito n°2
La réussite d’un nouveau journal est toujours mystérieuse. Elle relève de l’alchimie, de la chance, du moment, d’un travail d’équipe et d’un brin de folie. Pour trouver de nouveaux lecteurs, il faut oser, c’est-à-dire surprendre, donc risquer d’être incompris. Aucun lecteur ne sait à l’avance ce dont il a envie et ce qui va le combler. Toutes les qualités que l’on prête à un journal qui marche sont autant de défauts s’il vient à échouer.
Le 24 mars dernier, 22 000 exemplaires du numéro 1 de 6 Mois ont été livrés aux libraires en prévision du lancement. Nous tablions sur 25 000 exemplaires vendus et espérions secrètement atteindre le chiffre de 30 000. Les ventes ont dépassé les prévisions les plus optimistes.
A l’heure où nous bouclons ces lignes, au coeur de l’été, plus de 42 000 exemplaires ont été écoulés – et ce n’est pas fini ! Il a fallu réimprimer, rationner les librairies et ajuster les livraisons. C’était comme une lame de fond, profonde et régulière. Déjà, près de 1 000 abonnés nous ont rejoints. Il faut parfois peu de temps à certains pour « graver leur nom au bas d’un parchemin » et cette confiance est un encouragement précieux.
A l’ère du tout numérique, le succès de 6 Mois montre que la révolution technologique ouvre de nouveaux horizons, y compris à la presse et à l’édition. Une revue comme celle-ci aurait été inconcevable avant Internet. Comment notre équipe aurait-elle pu sélectionner, contacter, rassembler autant de photographes et fabriquer 350 pages à un prix abordable en seulement… six mois ?
En revanche, l’abondance d’images disponibles par milliards sur Internet, sous des formes infinies, appelle une revue qui prend le temps de choisir, de construire des récits, de mettre en page et de légender, pour magnifier le travail des auteurs et lui donner sens. 6 Mois est un bel objet à feuilleter et à dévorer, à lire et à relire, un objet sensuel et odorant, qui se garde et qui s’offre. Il n’a pas besoin de batterie. Il est indéfiniment disponible, jamais obsolète, vivant. C’est un ami de papier, le vôtre.
Pour toutes ces raisons, l’équipe de 6Mois n’a qu’un mot à la bouche : merci. C’est un mot de reconnaissance et de résolution. Nous savons ce qu’il nous reste à faire pour porter cette revue au sommet de la qualité à laquelle vous avez droit. Il nous faudra du temps, des jours et des nuits, des doutes, des encouragements, des erreurs et des rencontres. Remettre cent fois l’ouvrage sur le métier.
Nous comptons sur vous. Nous sommes au début de l’aventure et avons besoin de votre appui. Vous êtes aussi notre aiguillon. Vous serez là pour piquer notre curiosité, réagir, contester. « Pour être vivant, un journal doit toujours mécontenter 10 % de ses lecteurs, à condition que ce ne soit pas toujours les mêmes », notait avec humour l’écrivain Charles Péguy. D’un siècle à l’autre, la loi des lecteurs est éternelle : vous êtes nos seuls juges •
Laurent Beccaria, Patrick de Saint-Exupéry, Marie-Pierre Subtil.