Hier, journée à Nîmes avec F. La chaleur n'y était pas moins caniculaire qu'ici. Donc la motivation à visiter l'exposition du Carré d'Art était double : la curiosité de découvrir l'oeuvre d'un artiste contemporain et profiter de la clim' du bâtiment de Foster. L'artiste en question est Gilles Barbier. Dès l'arrivée, on est accueilli par le pied tendre. Installé sur un rail, lui même posé sur deux bidons d'huile, un homme couvert de goudron et de plumes, montre le dos courbé, l'humiliation subie. On repense immédiatement aux albums de Lucky Lucke en voyant cette scène. Je me dis que c'était une pratique pas si mauvaise que ça et qui devrait revenir au goût du jour. Par exemple, pour tous ceux qui sont impliqués dans des affaires de corruption, détournements de fonds, malversations et autres fautes en "on", il serait bien de leur faire faire un petit tour à califourchon sur un rail (il y en a des centaines de kilomètres inutilisés en France). Ca éviterait des procès interminables, des appels tout aussi interminables et des amnisties présidentielles intempestives. Après une balade asphaltée, le politique serait définitivement "grillé" et changerait de carrière. Je rêve !
Revenons à Gilles Barbier. Dans une salle sont présentées huit pages de Dictionnaire, copie des pages du Petit Larousse Illustré dans un format de 215X215 cm. Il fait ces copies depuis 1992, à ses moments perdus, quand il n'est pas dans la création d'une autre eouvre. Ces pages sont faites à l'encre. Assez fascinant, autant par l'ensemble que dans le détail. Au centre de salles, on trouve des personnages d'un grand réalisme en cire. Notamment, allongée sur un sofa, les yeux clos, une vielle dame nue, est estampillée de marques de cosmétiques. Le titre de l'oeuvre : La vieille dame aux tatouages. Elle illustre le système de référence de l'espace cosmétique qui modèle l'humain à l'époque contemporaire.
Il est aussi obsédé par la porosité, les trou et les tunnels. L'emmental est un élément qui revient souvent dans son oeuvre ainsi que les terriers et les intestins... Un tunnel de terrier, à l'échelle humaine, nous fait passer d'une salle à une autre.
Un univers assez troublant, qui suscite de nombreuses interrogations.
Après, nous avons sauté vingt siècles en arrière. Je m'explique nous sommes passées du Carré d'Art à la Maison Carré. En somme, nous avons traversé le boulevard.
La municipalité trouvant que les touristes ne restaient pas assez longtemps dans la ville, a décidé de faire appel à une société privée pour la gestion de ses monuments. Et la trouvaille, c'est le multimédia. Justement, dans la Maison Carrée, on nous propose un film en 3D ! À l'entrée, on nous prête des lunettes et on nous fait installer sur de petits gradins. La salle, toute romaine qu'elle fût, est exigüe. Ca sent un peu la sueur là-dedans ! Pour toute climatisation, il y a deux ventilateurs ! Nous sommes bien chez les romains mais plus particulièrement dans un caldarium. Le film commence. Parlé en latin, avec sous-titres en français et en anglais. Une bataille de gladiateurs dans les arènes, un peu minable et des effets spéciaux propres à la 3D qui donnent le migoulis. Nous étions en plein tournoi de chevaliers (Ne me demandez pas pourquoi. Je n'ai pas tout compris) quand le film s'est arrêté. Panne ! Le temps de soit-disant réparer et on fait entrer la séance suivante. Deux fois plus de spectateurs, la température de l'étuve continue de monter ; nous sommes parties. On ne saura jamais si la projection a pu se faire dans son intégralité. Peu importe. Mon opinion est faite. C'est nul ! À quand des animations dans les cathédrales avec des acteurs jouant de fausses lithurgies ? Tiens, c'est une idée que je vous soumets messieurs les concepteurs. Il faut animer toutes ces vieilles pierres, leur redonner vie avec du multimédia, puisque vous aimez ça. Un conseil : n'oubliez pas la clim' !