Hier, c'était à 19h dans la cour du musée Calvet que nous avions rendez-vous avec le Festival, plus particulièrement avec Pippo Delbono. Seul en scène, avec pour seul décor une table, une chaise et des notes sur des feuilles de papier, sans oublier la bouteille d'eau, le metteur en scène italien proposait ce qu'ils ont appelé dans le programme, une conférence-spectacle. Pas beau le choix de ce terme. Dans les récits de juin, il se raconte, il raconte sa vie, il se livre entièrement aux spectateurs. D'abord, pourquoi le choix du mois de juin ? Simplement parce que les événements importants de sa vie se sont passés à ce moment-là, à commencer par sa naissance. Il se raconte en interrompant son récit de scènes beaucoup plus théâtrales où de la poésie en italien scande les grands moments de souffrance de sa vie. Il danse aussi. Une danse bien particulière maladroite et sincère. Il s'exprime en français lors des passages de narration, un français très imagé, très riche même s'il fait semblant parfois de demander la traduction au plublic d'un mot qu'il aurait oublié. Il utilise pluseurs fois le néologisme "escaper" inventé à partir de l'italien "scapare". Est-ce volontaire ?
Avec beaucoup de talent, il alterne les moments tragiques avec d'autres plus légers, humouristiques pour certains, afin de ne jamais sombrer dans le pathos.
D'entrée, il décrit sa famille comme très catholique " depuis plus de 2000 ans !" comme il le dit et avec laquelle il est obligé de rompre pour ne pas mourir. À la fin de la pièce, il nous dit : "Ne répétez pas ce que je viens de vous raconter car il ne faut pas que ma mère sache que je suis homosexuel, séropositif et boudhiste." Cette boutade pour dire combien pour cet homme de théâtre, il est plus facile de se confier à son public qu'à ses proches.