Aïssata et Vincent Bioulès
Publié le 30 juillet 2006 par Caroline
En cette période de vacances, j'aurais aimé parler de sujets plus légers, lacher un peu la pression, mais dans ma boîte à mêl il arrive des courriers qui rappellent que l'été c'est la grande période de la Chasse aux Enfants (Aminata Sambou a été expulsée vendredi après-midi) et que dans les aéroports, il n'y a pas que des touristes qui prennent l'avion. Ce matin, c'est le cas d'Aïssata, de son frère Mohamed et de leur maman Myriam dont il est urgent de s'occuper. Leur histoire est tout simplement ubuesque, mais non moins tragique. Je reproduis ci-dessous un modèle de lettre pour faire pression sur les chasseurs d'enfants. C'est plus facile ainsi. On n'a pas toujours l'inspiration pour écrire au ministre de l'Intérieur.
Monsieur le Ministre,
Je me permets d'attirer votre attention sur la situation de Mariam Sylla et de ses deux enfants scolarisés et nés en France.
Vous savez qu'on refuse aujourd'hui à cette femme la possibilité d'être régularisée au titre de votre circulaire du 13 juin, bien que cette famille réponde à tous les critères .
Mais Mariam Sylla possède depuis le 30 mai un visa touristique valable trois mois. Non pas qu'elle passe des vacances dans notre pays, dans lequel elle se trouve par ailleurs depuis 1999... Mais c'est ce visa qu'on lui a remis pour lui permettre de revenir en France après l'annulation de son expulsion au Mali.
Or c'est à cause de ce visa qui finira au 30 août qu'on lui refuse aujourd'hui la régularisation !
Cette situation me paraît profondément insensée et injuste. C'est pourquoi je vous demande d'exiger du Préfet du Loiret qu'il régularise au plus vite Mariam Sylla au titre de la circulaire du 13 juin, afin que cette femme et ses enfants puissent enfin vivre en toute quiétude parmi nous.
Avec mes salutions et mes remerciements citoyens
Nicolas Sarkozy
Place Beauvau
75008 Paris
Une copie à :
Monsieur le Préfet
Préfecture du Loiret
181, rue de Bourgogne
45000 Orléans
une deuxième copie à :
RESF 45
10 rue Molière
45000 Orléans
Toujours pour aborder le thème des vacances, dont l'étymologie nous rappelle que ce mot vient du vide (même si on s'acharne à les remplir !), j'ai lu dans la revue lisières consacrée à Vincent Bioulès une anecdote que relate celui-ci, comment du vide naît le désir.
Je n'ai jamais été aussi heureux dans ma vie , que pendant l'été 1956, où après avoir été collé au baccalauréat, j'ai été contraint de venir passer le mois d'août à Montpellier pour travailler. J'étais seul chez moi, avec mon père, et je menais une vie d'une grande austérité. Le soir, après un repas frugal, il m'arrivait de me promener. Montpellier au mois d'août, en 1956, était entièrement vide. On ne pouvait rencontrer personne, et je me promenais dans les rues totalement désertes. L'ennui que je pouvais y éprouver était totalement délicieux, car seul l'ennui, seule l'absence, seul le manque peuvent nous conduire, justement, au véritable désir. Nous ne pouvons avoir une expérience de l'amour que dans l'absence, et le désir sexuel, le désir du partage prennent leur consistance et leur valeur dans l'expérience de la solitude et de l'absence. Ce vide, ce creux que nous éprouvons lorsque nous nous promenons dans la nature, nous l'emplissons justement de ce besoin intime.