L'immeuble Yacoubian

Je me souviens, ce devait être au moins d'avril, en voiture et j'entendais une émission vachement bien (la grille de France Inter n'avait pas encore été transformée en ramolisseuse de cerveau faiseuse de sauce blanche) qui parlait d'un livre, dont l'histoire se déroulait au Caire et plus particulièrement dans un immeuble. Évidemment, quand je conduis je n'ai pas un papier et un crayon à la main et j'avais immédiatement oublié les références, Je m'étais dit cependant : "Ce serait sympa de le lire". Puis, l'été est arrivé et on a de plus en plus parlé de ce livre. Il s'agissait de L'immeuble Yacoubian" de Alaa EL ASWANY (Acte Sud) Ce livre a connu un grand succès dans le monde arabe. Sa traduction française, sans égaler les ventes du livre écrit par celui-qui-le-lit-jamais, s'est taillée une bonne place dans les lectures de l'été. Tant mieux. J'avais envie de le lire mais j'ai Proust dans ma vie depuis juillet et je ne peux pas lui faire d'infidélité. Comprenez-moi. Donc, c'est l'adaptation pour le cinéma que je suis allée voir ce soir. À la fois grave et lèger, comme le cinéma égyptien sait si bien le faire, à travers la vie des habitants de cet immeuble, c'est l'Egypte contemporaine (et plus largement d'autres pays du Moyen Orient) qui est décrite. Corruption, intégrisme, rêve d'un ailleurs meilleur, nostalgie d'un passé idéalisé, tout y est. Une allusion à Mahfouz est faite durant le film. Alaa El Aswany disait, dans une interview entendue sur France Culture (cette radio n'en est pas encore à la fabrication de béchamelle cérébrale) , la semaine dernière qu'il vouait une véritable admiration à son maître et voulait s'inscrire, dans la tradition du roman moderne en langue arabe, en suivant la voie ouverte par son aîné. Alaa El Aswany pour la petite histoire est dentiste au Caire et exerce toujours car comme il dit : "La littérature ne nourrit pas". Et puis, Télérama n'a pas aimé. Il faut donc aller voir ce film.