Magazine Conso

Là où la mer commence

Par Anne Onyme

laoulamercommenceDominique Demers
Québec Amérique
224 pages

CoupdeCoeur

Résumé:

C’est dans un royaume de pics somptueux et de caps battus par une mer enragée, d’anses secrètes et de baies envahies par les goélands que l’histoire de Maybel et William prend racine. Au fil de dix rendez-vous hors du commun, ils se laisseront envoûter par les trésors du panorama maritime et se découvriront d'autres passions encore plus fulgurantes... Cinquante ans plus tard, grâce au journal de sa grand-mère, l'amie de Maybel, Marie découvre avec ravissement la singulière rencontre de sa marraine et de celui qu'on surnommait la Bête.

Mon commentaire:

Marie, à sa naissance, ressemble à Maybel, une amie de sa grand-mère. Maybel devient donc marraine de la fillette, alors que la moitié du pays des sépare. À seize ans, déprimée par une peine d'amour dont elle ne se remet pas, Marie s'embarque sur un train à destination de la Gaspésie où vit Maybel. Elle va rencontrer sa marraine pour la première fois de sa vie. Florence espère que le voyage lui changera les idées. Elle lui remet même un cahier à lire pendant le trajet, pour l'occuper. Nous sommes en mai 1901.

Le cahier, c'est l'essence même du roman. Dès que Marie en tourne les pages, nous plongeons avec elle dans une histoire d'amour digne des plus beaux et tragiques contes de fées. Florence a tenu un journal pendant sa grande amitié avec Maybel. Elle y raconte son histoire, mais aussi l'histoire de tout un village. C'est ainsi que nous sommes transportés dans une région à l'écart du monde, une région un peu sauvage et magnifique, là où vit la famille de Maybel. Une famille différente qui est marginalisée. Leur vie alimente les ragots. Lorsque l'Écossais et son fils viennent s'installer dans la région, c'est encore bien pire. On tremble de ce qui nous effraie, mais on colporte sur ce qui nous semble incompréhensible.

Maybel a été élevée différemment. Elle est l'exubérance et la lumière, la joie de vivre et vit ses sentiments à fleur de peau. C'est une jeune femme forte et convaincue, mais fragile à la fois. Elle tentera d'apprivoiser William, celui que l'on surnomme la Bête et qui vit caché, au fin fond de son manoir, surprotégé par un père rongé par la culpabilité. Un père qui se passionne pour la chasse, alors que le fils se fait un devoir de prendre soin des animaux et de la nature qui l'entoure. Sa rencontre avec Maybel est pleine de lumière, de silence, de passion.

Ce roman est tout simplement magnifique. On y retrouve beaucoup de délicatesse dans les mots et dans la façon d'amener les personnages. C'est un roman d'une grande beauté, tant par ses décors que par les personnages, dotés d'une belle âme, qui y évoluent. Le texte est beau, limpide, lumineux et tragique à la fois. C'est le récit d'une grande histoire d'amour, une réécriture d'un des contes les plus connus: La Belle et la Bête.

Là où la mer commence est un texte qui nous ensorcelle, qui présente un autre regard sur le monde, un monde où la nature est omniprésente et où l'on s'attarde à la contemplation. Le cahier de Florence ébranle la jeune Marie. Sa grand-mère lui présente une magnifique histoire d'amour et les véritables raisons d'aimer réellement une personne, au-delà des apparences et des commérages. Les dernières pages, alors que Marie arrive enfin chez sa marraine, sont profondément émouvantes.

Là où la mer commence est un roman d'une grande beauté, une histoire d'amour à travers le temps et les générations. J'ai eu un immense coup de coeur pour l'histoire de Maybel et de William qui se noue en plein coeur d'une nature sauvage, puissante, sublime, qui me semble être le seul endroit du monde propice à abriter une aussi belle passion.

À découvrir!

Un extrait:

"...le fils de l'Écossais m'a appris à aimer le silence. Je commence tout juste à comprendre une foule de choses. Pourquoi mon père est fou d'étoiles, par exemple. La majorité des gens voient juste de petites billes qui picotent le ciel, mais mon père, lui, voit un univers. Pendant que je comptais les étoiles filantes, durant toutes ces annaées, en jacassant tout le temps, peut-être bien que mon père les entendait filer. Avec un petit bruit sec de vent, tiens. Il m'a déjà dit qu'il entendait les aurores boréales danser. "Sur une musique de soie froissée." Je me souviens de ses mots. Ça m'avait plu." p.110


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Anne Onyme 24757 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines