Histoire et geographie des stations de metro meconnues : cambronne

Qui ne dit mot qu'on sent.

Par Gérard Roig

Le 18 Juin 1815 le général Pierre, Jacques, Etienne Cambronne, âgé de 45 ans, lance à la face des Anglais un mot resté fameux. Mais écoutons le père Hugo (Les Misérables chapitre XV) : « …l'homme qui a gagné la bataille de Waterloo, c’est Cambronne… Il a trouvé le mot comme Rouget de l' Isle a trouvé la Marseillaise… dire ce mot et mourir ensuite, quoi de plus ! » En 1936, Sacha Guitry écrit Le Mot de Cambronne et en fait une pièce en un acte, en vers, et un film, tourné en une journée…

La ligne n°6 Etoile-Nation, longue de 13,633 kms, comporte 28 stations. La durée du parcours est de 36 minutes. Le métro arrive à Cambronne aérien (depuis l'origine) et pneumatique (depuis I974). La ligne suit le tracé de l'an­cienne enceinte des Fermiers Généraux, remplacée en I845 par les « fortifs » (nos boulevards extérieurs actuels). La place Cambronne à l'emplacement de l'ancienne barrière de l'Ecole militaire est bordée, au Nord, par un pe­tit square au centre duquel trône un groupe ridicule formé d'un lion monté sur une pierre sous laquelle un homme nu semble coincé…Vers le Sud, deux rues s'échappent : Rue de la Croix-Nivert et rue de Cambronne (Ex-rue de l'école jusqu'en I864) : Cette dernière apparaît sur une carte postale de I905 comme étroite, bordée de platanes, provinciale…

Depuis, le côté droit a volé en éclats, faisant disparaître des impasses (Rigault, Ribet), des passages, la cité Canrobert… A leur place, le Paris de l'an 2000 s'est installé: Hôtel ARCADE, Centre HONDA… Une architecture bariolée de dessins animés : fenêtres rondes, en losange, pilotis… On a beaucoup expérimenté dans ce malheureux quinzième arrondissement… A gauche, la petite rue Miollis n'a gardé qu'un pan d'immeuble : On avance et l'on se retrouve stupéfait devant une énorme Maison de la Radio… Gigantesque paquebot aux milliers de fenêtres allumées dans la nuit… Comme dirait ma concierge: « Si ce pauvre monsieur Cambronne revenait, il ne reconnaîtrait plus son quartier… »

(Publié en janvier 1981 dans Le petit responsable. A ce sujet, voir article publié en août).