Adhérents et sympathisants, vous avez été près de 80 à avoir répondu favorablement à notre invitation : soyez-en remerciés. A la réussite de cette réunion de rentrée, nous associons bien évidemment la direction de la Taverne de l’Irlandais pour son accueil et la mise à disposition de son caveau.
Après un bref éclairage sur la notion de dette souveraine et son évolution croissante sur les trois dernières décennies, Jean-Philippe Bolle s’est voulu rassurant : ce n’est pas tant le risque de refinancement de la dette publique qui pose aujourd’hui problème (malgré sa note récemment rétrogradée, les Etats-Unis n’ont jamais emprunté à des taux aussi bas), ou encore le poids relatif des intérêts sur celle-ci (intérêts stabilisés à 3% en dépit de la hausse de l’endettement), mais bien la question de l’effort budgétaire (charge de la dette: 45 milliards d’euros) au regard des réformes structurelles nécessaires pour préserver l’équilibre de notre modèle social.
Le discours ambiant sur la crise et ses origines est trompeur : la crise est bien plus d’ordre moral, donc politique, que conjoncturelle ou systémique. Elle a le mérite de mettre un coup de projecteur sur nos propres insuffisances : tout d’abord la fuite en avant ou l’inertie – c’est au choix – des politiques, tous partis confondus, qui, sur les trente dernières années, n’ont pas su « remettre les compteurs à zéro » (l’épisode de la « cagnotte » en 2000, avec la question qui se posait alors sur sa destination, en est l’illustration parfaite); inconscience aussi des peuples toujours plus prompts à consommer jusqu’à « épuisement du stock », voire d’entamer celui des générations futures. Quant au secteur bancaire, notre invité ne croit pas à un effondrement de système : tout au plus à une nationalisation partielle si l’une ou l’autre des banques françaises venait à faillir.
Enfin, il y a l’Union Européenne ; celle qui, dit-on, ne parle plus aux citoyens que par « communiqués », quand elle n’est pas stigmatisée par les délégués du peuple dans les divers parlements nationaux. Cette Europe, peut-on lire ici et là, manque de gouvernance économique. Mais plus que d’une gouvernance économique, les citoyens n’aspireraient-ils pas à une Europe décidément politique, à un exécutif identifié et légitimé par le suffrage universel ; enfin, à une Europe qui soit plus dans l’action que dans la réaction ? D’aucuns appellent de leurs vœux la construction d’une Europe fédérale, d’autres à la mutualisation des dette souveraines ; a contrario, certains réclament désormais une intégration à géométrie variable et, le cas échéant, la mise à l’écart des « mauvais élèves » : nul ne sait aujourd’hui quelle est l’option qui prévaudra à court terme. Pour autant, aussi inquiétante soit-elle, cette crise permettra sans doute à l’Europe de réviser son fonctionnement et ainsi de gagner de précieuses années.
Au-delà de la bonne gestion et des règles comptables (règle d’or ou autre pacte de stabilité), les Français aspirent à davantage de visibilité et à un projet porteur d’espoir: gageons que la campagne présidentielle réponde à cette attente, qu’elle fasse la lumière sur toutes ces zones d’ombre, et que l’Europe engage de son côté la nécessaire transformation de ses institutions, au service de la croissance et pour l’avenir des peuples, avant que l’un des BRIC(1) ne nous tombe sur la dette; si ce n’est déjà fait(2)…
Le Secrétaire général,
Frank-Olivier Potier
(1) Brésil, Russie, Inde et Chine
(2) La Chine a déjà racheté de la dette grecque et portugaise ; la Russie se montre d’ores et déjà intéressée par l’achat de futurs eurobonds : avec quelle contrepartie ?