Ce soir, comme chaque jour, je me rends à l’église de l’Alliance des cœurs de Jésus et Marie. Il est 18h je force un peu le pas, sans trop exagérer non plus, on est aux Philippines ! A cinquante mètres de la grande bâtisse blanche ouverte de tous côtés, les voix de la liturgie planent déjà ; sur la gauche, la même bande de philippins est postée sous un préau. L’un des acteurs est toujours assis sur la même chaise, à la même place. Son dos épouse le premier mur, celui que l’on devine en dernier lorsque l’on arrive de Duterte street, la position qui demande au passant de se tourner de trois-quart pour apercevoir le personnage qui veille. Quelques timides salutations annoncent d’abord ma proximité, puis je lève la main, sourit à l’homme et il me renvoie un très chaleureux : « hi Victor ». Comme chaque jour. Il m’appelle par mon nom, il me sourit, je lui réponds. Cet homme me fait exister. Il fait un devoir d’Etat certes a priori facile voire teinté d’oisiveté mais ô combien humain !