de Leif Tande
Bande dessinée - 365 pages
Editions La Pastèque - octobre 2010
Un liquide sans vie, aux couleurs irisées bleutées. Et soudainement, un point qui apparaît, une molécule, LA première molécule, issue de la génération spontanée. Une molécule qui évolue en cellule, qui est surtout déjà dotée de la pensée. Alors elle raisonne, parle, trompe sa solitude. Et des changements s'opèrent, des mutations dans son organisme qui la dotent d'un oeil, de certaines excroissances, et puis du plaisir absolu elle donne vie à une nouvelle cellule. C'est la mitose, la première. Ce dédoublement est un premier choc de l'Evolution. Il y en aura d'autres. Car l'origine de nos très lointains ancêtres n'a pu avoir lieu sans certaines "déviations morales" : lesbiannisme, nécrophagie, inceste... Et oui, si on part d'une seule cellule et qu'on veut peupler un milieu, il y a des rapprochements incongrus qui doivent se produire, pour perpétuer l'espèce. Et pour la molécule originelle, être parent n'est pas de tout repos et les questions existentielles viennent vite quand l'éducation des rejetons se pose...
A l'origine de "L'origine de la Vie", il y a un blogueur, Leif Tande, installé au Québec, qui poste une planche par jour entre le 1e janvier et le 31 décembre 2008 (les planches y sont toujours accessibles) partant de la création spontanée de la toute première cellule du monde vivant, et la faisant évoluer au quotidien. Pas vraiment une autobiographie, plutôt ce que l'auteur sous-titre une "autobiologie" sur 365 pages donc. Très centré sur la biologie moléculaire et cellulaire (mitose, méiose, phagocytose, mutation génétique, différenciation cellulaire..), il y a aussi beaucoup d'absurde assumé provenant des anachronismes (on y parle de surfer sur internet, de trouver un boulot, un appartement, de Viagra...)Le graphisme est très agréable, épuré, minimaliste de fait et c'est d'ailleurs ce parti paris de tenir si longtemps en ne représentant que des unicellulaires qui relève du défi accompli avec brio.On l'aura compris, il y a énormément d'humour dans ces pages, alors que sur le fond, c'est assez juste scientifiquement parlant car l'auteur s'y connaît et les mécanismes qu'il décrit et qu'il illustre sont fondés. Ensuite, les divagations philosophiques de notre molécule originelle abordent différents thèmes, notamment son souhait d'établir une religion, sa sexualité, ses paradoxes d'homme. C'est plus ou moins convaincant mais ça a toujours le mérite d'être orignal et drôle et pas si loufoque que ça.
Feuilleter les premières pages de l'album - La Pastèque
"365 j dans la vie d'une molécule névrosée" - La lucarne à Luneau