Matcha d'exception pour débutant(s)

Par Vanessav
J'ai succombé à une rencontre virtuelle avec Francine. Elle dégustait un matcha là (entre autres, le reste de ses dégustations sont dans sa colonne théothèque), j'avais envie de la retrouver. De prendre une pause dans les délais.

J'ai donc sorti mon chawan de printemps (même si ce n'est plus la saison) pour un Matcha Hoan de Shizuoka. J'ai une pensée pour ce producteur de thé, rencontré avec quel bonheur et quel privilège et dont j'ai la réflexion écrite et dessinée de sa main.
J'étais encore sur le tout début de mon chemin de thé. Même pas encore dégustatrice avertie, juste intéressée. Depuis ces années-là, mon palais s'est affiné, mes dégustations de thés de jardins se sont succédées souvent au détriment des thés aux nominations plus mélangées. Et pourtant je n'y connais encore rien. Je remarque par exemple que l'acte de préparer le thé n'est toujours pas aussi serein que je l'aimerais.
De l'eau bien chaude pour préparer le chawan, séché, puis je me suis servi une cuillérée à café rase de Matcha Hoan de Shizuoka (à défaut de deux cuillerées de chashaku). J'ai versé de l'eau à 75°C dessus et j'ai fouetté latéralement.
Je n'ai pas encore le mouvement du fond vers la surface, en M (ou W)... j'arrive juste à ne pas le tourner et la mousse est là. Je ne l'aère sûrement pas autant qu'il le faudrait mais je suis déjà satisfaite.
Ma dégustation est accompagnée du lutin car au restaurant coréen de ce week-end, son papa a demandé une glace au thé vert. Et lui a souhaité goûter et sa réaction a été très directe "-Ce n'est pas du thé vert! Il n'a pas le goût des thés de maman!" Bon, bon, mes explications s'étaient limitées à lui indiquer qu'il existait de nombreux thés, avec énormément de noms et que souvent les personnes qui ne les connaissaient pas trop donnaient juste la couleur (vert, rouge, noir, bleu/vert, blanc). Il sait que chaque thé est bien différent en bouche, il en aime certains, pas du tout d'autres. Et à chaque thé, je le lui présente, thé vert de Chine avec tel nom par exemple. Ainsi les thés verts que le chenapan a léché sur ses lèvres, les verts chinois et les verts japonais n'étaient pas du matcha.
Je lui ai donc montré que ce thé là n'était pas cette fois-ci une infusion (où les feuilles ne se boivent pas) mais bien la poudre de feuilles de thé moulue que nous buvions délayée dans l'eau chaude.
Lui habitué à mes gestes de zhong a adoré tester le fouet. De quoi moi aussi m'entrainer à utiliser les termes, le chasen a donc été bien utilisé, et première satisfaction sans l'appuyer sur le fond. Un kusenaoshi, support à fouet, aurait été bienvenue car son équilibre instable a été aussi un élément d'attention après fouettage, il a fallu le retourner.
Autant le petit dégustateur n'a pas aimé la glace au matcha, autant la mousse lui a plu. Je n'ai bu la première fois que ce qui restait de liquide... jusqu'au second bol... au troisième etc... depuis hier.
Ce Matcha Hoan est très doux, poudré et mousseux. La première attaque en bouche est herbacée avec une légère amertume en fin de gorgée.
La mousse seule est plus "épicée", comme de la noix de muscade ou de la cannelle sans ce côté trop chaud. L'arôme des fleurs de cerisiers sakura que les producteurs ont souhaiter préserver se ressent peut-être plus en rétro-olfaction, en douceur sur la langue après la dégustation.
Ce matcha est encore trop beau pour moi. Tant pis, éduquer le palais et les papilles se fait aussi avec de très beaux produits non!? Et la rencontre avec l'homme derrière était de celle qui marque un parcours alors je ne pouvais que succomber à la dégustation.