L’histoire est charmante au-delà des mots et elle nous parle depuis tellement de niveaux de signification qu’il n’est pas étonnant que nous soyons encore fascinés et que nous puissions trouver différents éléments dans plusieurs traditions folkloriques de diverses parties du monde. De toutes se versions, le récit par encadrement dans l’Âne d’Or d’Apulée (2ème siècle) où il occupe le centre de l’histoire en projetant sous forme de mythe le manque, la souffrance et la rédemption finale du protagoniste Lucio, n’est peut-être pas moins célèbre. Avant lui, néanmoins, au moins depuis l’époque helléniste, l’histoire de la relation entre les deux amants, chargée d’échos platoniques qui renvoient directement aux dialogues de Phèdre et du Banquet, elle avait déjà été ample et joyeusement célébrée dans l’art et la littérature, aussi bien dans les poèmes de l’Anthologie Palantine, que dans la statuaire de la période.
Aphrodite était jalouse de Psyché car sa beauté était telle que les gens l’adoraient autant que la déesse. Autant de beauté lui a gagné le rejet des hommes qui, effrayés par tant de perfection et de délicatesse, étaient pris de panique lorsqu’ils s’approchaient de la jeune fille. La vengeance d’Aphrodite a été d’à assigner la mission à Éros de faire que Psyché tombe amoureuse du plus atroce de tous les monstres. Inévitablement c’est Éros lui-même qui, en la voyant, est tombé amoureux d’elle et, après avoir persuadé son père de l’abandonner à son sort en haut d’une montagne, a ordonné à Zéphyr qu’il la conduise dans un palais où il s’introduirait toutes les nuits comme son époux dans sa chambre, et l’abandonnait invariablement à l’aube. Psyché était heureuse mais ne connaissait pas le visage de son amant, compte tenu que celui-ci lui avant annoncé que si jamais elle essayait de le faire il disparaitrait. Néanmoins, une nuit, incitée par ses sœurs, qu’elle était allée visiter le matin en désobéissant aux conseils de son mari, craignant que ce ne soit un monstre, elle a illuminé le ravissant visage d’Éros avec une lampe pendant qu’il dormait. Une goute d’huile a réveillé le dieu, qui a disparu aussitôt comme il l’avait averti. Psyché a alors commencé un voyage sans but, soumise à de cruels et exténuants travaux presque impossibles imposés par Aphrodite. L’un d’eux consistait à descendre au monde sous-terrain et de revenir avec un flacon remis par Perséphone. malgré la stricte interdiction de l’ouvrir, une fois de plus la curiosité a triomphé et Psyché est restée plongée dans un sommeil éternel duquel Éros, qui l’aimait encore, l’a réveillée, en la touchant délicatement avec la pointe d’une de ses flèches. C’est le moment suivant, lorsque Éros approche son visage de celui de Psyché pour l’embrasser sur la bouche pendant qu’elle s’abandonne langoureusement à son étreinte en soutenant la tête du jeune dieu entre ses mains, qui est recueilli par inoubliable et sensuelle statue de marbre d’Antonio Canova que nous pouvons contempler, extasiés, dans la la galerie Michel Ange du Louvre (http://www.louvre.fr/llv/commun/home.jsp?bmLocale=en).