Un petit bijou comme on n’en avait pas vu depuis longtemps qui oscille constamment entre le rire, voire le fou rire et la tragédie.
L’histoire se déroule dans un village que l’on suppose libanais. Deux communautés religieuses cohabitent entre amitié et tentation des représailles. Seules les femmes luttent pour maintenir la paix car il existe entre elles des liens indéfectibles. Les unes sont musulmanes, les autres catholiques. C’est un village isolé de tout et pour survivre, on envoie vers la ville deux amis qui vont vendre les produits locaux. Symbole de cet isolement, un pont en pierre qui ne tient par on ne sait quel miracle. Un jour, la télévision arrive qui relie ces hommes et femmes au reste du monde. Elle devient le centre d’attraction, porteuse de bonnes et mauvaises nouvelles. Plutôt drôle toute cette cérémonie pour saluer l’arrivée d’un outil moderne qui respire l’antiquité à l’heure des écrans plats. Les hommes, à cette occasion, voient des femmes libres, à la chair affriolante, ce qui donne lieu à un festival de réflexions toutes plus drôles les unes que les autres. Mais le drame rôde et la télévision en est le vecteur : chrétiens et musulmans se combattent, se haïssent. Les femmes entendent la terrible nouvelle et ne veulent pas que la guerre les divise, fracasse les liens noués entre les deux communautés. Alors, elles vont faire preuve d’ingéniosité, d’une inventivité sans limite pour les préserver. Et le film devient burlesque, tendre, attachant avec ces femmes musulmanes qui aident dans l’Eglise à fabriquer des couronnes, des petits sachets de chocolat, les femmes catholiques qui les aident en retour. Je ne multiplierai pas les exemples : ce serait déflorer le film. La tragédie n’épargne personne et ce sont les hommes qui la provoquent : vindicatifs, orgueilleux, fiers. Les détourner constamment de la tentation de la vengeance, des représailles. Tel est le leitmotiv de leurs femmes.
C’est vraiment un très beau film poétique avec notamment la scène d’ouverture où toutes dansent, habillées de noir pour dire leur chagrin, l’absurdité de ces affrontements sans fin qui n’apportent que désolation. Ce passage constant du rire aux larmes sans nuance est une très belle réussite car il joue sur la palette des émotions du spectateur. Et puis c’est un très bel appel à la tolérance.