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Contrairement aux apparences, la publication de ce livre n’a rien à voir avec les prochaines élections présidentielles américaines. D’aucuns s’en étonneront. Et pourtant : « Où va l’Amérique d’Obama ? » qui paraît ces jours-ci aux Editions PUF, se veut un scanner millimétré sur la situation générale des Etats-Unis. Un diagnostic « sévère mais optimiste » selon Alexandre Adler qui en rédige une -trop longue- introduction mais un diagnostic réalisé indépendamment du futur locataire de la Maison Blanche. Dans cet ouvrage, c’est l’Amérique elle-même qui semble réfléchir gravement sur son avenir, et ce, quel que soit l’homme qui prendra début 2012 les rennes de l’Administration. Autour de cet « axe identitaire qui tend à être immuable », cette Amérique des invariants que les présidents accompagnent ou habillent plutôt qu’ils ne sont en mesure de les modifier profondément, Hervé de Carmoy étaie ses observations au scalpel sur une solide expérience : trente années passées à la Chase Manhattan Bank, ça aide !
Récapitulons sa thèse initiale : « L’Amérique n’est plus ce qu’elle était il y a un demi-siècle mais elle est encore pour plusieurs décennies une puissance inégalée ». Le défi américain réside désormais dans celui de convaincre, non plus de vaincre : « on ne périt plus aujourd’hui d’être attaqué par une nuée d’avions mais d’être délaissé au profit d’un concurrent ». Et l’auteur, après quelques considérations générales mais pertinentes, d’évoquer les « cinq fronts décisifs » sur lesquels doivent s’engager les transformations de l’Amérique : en premier lieu, les mutations démographiques avec la perspective d’un « triplement en 2050 du nombre de latinos ». Et ce, alors que demeure « la suprématie politique et économique des blancs » avec une concentration encore très inégalitaire des richesses. Une question cruciale clôt ce premier développement : au regard de la montée attractive des pays émergents, « l’Amérique n’est-elle pas en train de perdre une partie de sa masse critique des talents nécessaires ? ».
Ensuite, le front de la finance : crise 2008 oblige, le « rêve américain par l’endettement » doit être corrigé par la dure réalité des chiffres. Ils sont aussi vertigineux -en milliers de milliards- que l’espace américain est gigantesque. Au-delà d’un appel convaincant -teinté peut-être de naïveté ?- à « plus d’éthique » et à une « nouvelle gouvernance », Hervé de Carmoy évoque un curieux scénario : la « création possible », à l’image de la France et de l’Allemagne des années 60, d’une « zone monétaire sino-japonaise » dont l’instauration, malgré les différends historiques, permettrait « aux deux puissances asiatiques d’allier leurs poids démographiques, la maitrise des processus industriels et financiers et leurs capacités militaires ». Une hypothèse de travail que les Etats-Unis seraient bien inspirés de prendre au sérieux.
Dans la ligne de mire de l’auteur, le domaine de l’innovation technologique : chaque année, nous explique l’ancien dirigeant de la Midland Bank à Londres, « l’Inde et la Chine forment autant d’ingénieurs de haut niveau que les Etats-Unis ». Constat doublé d’un nombre aussi surprenant qu’accablant : en 2008, 93 millions d’Américains ne pouvaient pas encore accéder à l’Internet à haut débit. Mais, comme si le dynamisme de l’Amérique lui permettait de fabriquer l’antidote du poison qui la rend malade, le pays assure aussi la création, chaque année, d’un « million de nouvelles entreprises » essentiellement orientées vers les NTIC. Un ressort secret que l’auteur tente de comparer au « sentiment d’insécurité d’une rare intensité » qui nourrit la volonté et la réussite de survie de pays comme Israël, Singapour, Taïwan et la Corée du sud. L’Amérique aura-t-elle ce niveau de conscience sur son propre destin ?
Enfin, la diplomatie doit abandonner la vision d’une Amérique en relation avec le « reste du monde » et une posture de défense réduite à la « domination de l’attaquant » afin de privilégier la « supériorité technologique et la dissuasion ». « Le temps n’est plus ni à l’isolationnisme ni à une politique de toute puissance mais à l’apprentissage d’une interaction entre les deux » précise Hervé de Carmoy. Retour néanmoins subreptice à la théorie des invariants : « Obama et Bush sont tous deux identiquement des personnalisations contradictoires de l’aigle gravé sur le sceau du président ». S’il ne pressent qu’une « évolution lente » mais notable de la diplomatie américaine, l’auteur s’avoue convaincu du fait que cette diplomatie se jouera désormais « plus à domicile et moins dans la projection à l’extérieur ». L’impératif de sécurité demeure : l’outil militaire, bien qu’allégé pour correspondre à la nature de nouveaux conflits, « conservera plusieurs longueurs d’avance technologique ».
Qu’on se rassure : avec « trente deux des quarante meilleures universités cotées dans le monde » qui sont américaines, la patrie d’Oncle Sam a encore de très beaux jours devant elle. Et Hervé de Carmoy, dans une sorte d’apothéose finale, d’énumérer les qualités de cette Amérique éternelle dont il vient pourtant de fustiger tous les travers : « Goût de l’effort et de la création de la richesse, liberté, sens de l’avenir, confiance en cette nation, enracinement des comportements éthiques chez l’immense majorité des citoyens américains, et générosité sans précédent ». Qui aime bien…
Hervé de Carmoy, Alexandre Adler, « Où va l’Amérique d’Obama ? », Collection « Quadrige », PUF, 2011.
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