« Même pas peur » est la réplique favorite du héros Lebrac, ce grand garçon de 12 ans qui s’est substitué à son père absent pour assumer les travaux de la ferme, que sa mère veut voir entrer en apprentissage et que son (divin) instituteur (Monsieur Merlin sera pour lui un enchanteur) aiguillera vers le collège grâce à une bourse d’études.
Voilà la trame de l’adaptation de « La Guerre des Boutons », le roman de Louis Pergaud paru en 1912 et à présent tombé ( ?) dans le domaine public. Moi, j’avais naturellement en mémoire vive celle d’Yves Robert (1961) et ses répliques devenues cultes. Mais pour le coup, le film de Yann Samuell produit par Marc du Pontavice m’a retransportée dans cette ambiance joyeuse et sans pitié de la France rurale encore des années 60.
J’ai pleuré comme une môme, j’ai ri à me tordre, j’ai surtout apprécié le jeu si juste des acteurs : Mathilde Seigner, digne mère célibataire, Eric Elmosnino, solaire, et pourtant on en peut pas dire qu’il a un physique de jeune premier, Alain Chabat est l'instituteur des Velrans. Il a, avec Eric Elmosnino, une bien émouvante scène au bord de la rivière...Car le conflit séculaire qui oppose le clan des enfants de Velrans à ceux de Longeverne est vu surtout depuis l’angle Longeverne. Le héros, c’est Lebrac, on pourrait dire « Le Brave », le jeune Vincent Bres. L’autre petit chef, l’Aztec, est incarné par Théo Bertrand. Il n’a pas le beau rôle, mais il le joue aussi très bien.
Mais pour moi, celle qui retient tous les suffrages c’est La Lanterne, la Marie, sœur de Tintin, qui porte des vêtements de garçon et fait tout pour se faire intégrer dans la bande, une invention du scénariste qui remet les femmes au coeur de la bagarre. Elle est bien jolie, la petite Salomé Lemire, elle ira loin….Quant à Petit Gibus, Tristan Vichard, il ressemble à la fois à mes deux petits-fils Hugo et Benjamin, alors, je craque ! Très belle dernière image, poétique et tendre. Yann Samuell clôt avec ce film sa trilogie sur l’Enfance et son idée de République des Enfants dont Lebrac serait le Premier Ministre.Je me suis régalée d’y avoir emmené Camille. Je n’irai vraisemblablement pas voir le film de Christophe Barattier, ou alors cet été, en DVD, pour comparer… sans doute plus léché, doté de moyens financiers plus larges, au casting de rêve …En tous cas, ces gosses-là, ceux de Yann Samuell, castés à la campagne, ils sont drôlement naturels ! Et puis, le soleil brille pour tout le monde. Autrefois, avec un même livret, on écrivait bien plusieurs opéras !