Grâce aux visites organisées dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, nous avons pu admirer le Palais Rohan, aujourd'hui Hôtel de Ville.
Un hôtel particulier superbe, ultra-classique, doté de merveilleuses boiseries et d'une salle à manger de parade décorée à fresques en trompe l'oeil (par Giovanni Antonio Berinzago en 1783) tout à fait remarquable, mais le tout un peu poussiéreux.
Le message des édiles aux administrés est clair : ici, on ne gaspille pas l'argent du contribuable.
Ce qui est plus original, c'est la visite de la salle du Conseil municipal, avec ses pupitres sculptés de l'emblème aux trois croissants de lune, les drapeaux, les tribunes réservées au public,l'estrade pour les orateurs.
De savoir qu'à cet emplacement même, se tenait, avant la réfection de la salle à la fin du 19° siècle, le Tribunal révolutionnaire ...flippant !
Un homme politique à la trajectoire bien malheureuse, en fait. Ecoutez plutôt : né en 1884, un 6 octobre (comme Le Corbusier ...et moi !), il est élu Secrétaire fédéral de la SFIO de Gironde à 22 ans, puis Député du Cartel des Gauches en 1924, Maire de Bordeaux l'année suivante.
Très actif dans le domaine des investissements collectifs pour conjurer les effets de la crise économique, il déclare vouloir "prendre le fascisme de vitesse", un peu à la manière de Mussolini cependant. Tellement sans doute qu'il est exclu de la SFIO dès 1933.
Son couronnement de carrière sera sa nomination comme Ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur du gouvernement Pétain puis Laval. C'est un collaborationniste convaincu, antisémite et opposé aux francs-maçons, souhaitant ouvertement la victoire de l'Allemagne. Il sera cependant acquitté en 1948 au terme d'un bien long procès mais condamné à 10 ans d'indignité nationale et mourra en 1955, finalement amnistié mais définitivement accro à la politique, en pleine campagne électorale.
Mais cela ne fait rien, il est toujours là !