Alors, j'avais donné comme premier indice de la première destination de ce petit périple, deux poèmes. Il suffisait pour trouver de reconnaître l'auteur des ces poèmes. Il s'agissait d'Antonio Machado. L' argonaute parlait de Séville, il était donc sur la piste car le poète y était né, mais moi, j'avais choisi son lieu de mort, Collioure.
La première visite fut pour le cimetière.
Les vers de Louis Aragon résument dans quelles circonstances le poète espagnol est venu mourir dans ce village des Pyrénées Orientales :
Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d'Espagne
Que le ciel pour lui se fît lourd
Il s'assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours.
Sa mère le suivra dans la mort trois jours après. La boîte aux lettres installée sur la stelle recueille lettres et poèmes adressés au poète. Il avait fuit la guerre, le fascisme. Un autre grand poète était mort, Federico Garcia Llorca et les vers du premier indice lui sont dédiés.
Je regrette de ne pas lire l'espagnol. Malgré ce fait, j'aime me plonger dans sa poésie.
Ce poème qui s'intitule La femme de la Manche me fait penser au film Volver et je ne peux m'empêcher de croire qu'Almodovar doit le connaître et a fait ces portraits de femmes en y pensant. Du moins, ce sont les images du film qui me sont revenue en lisant ces vers dont je ne livre ici que des extraits :
la Manche et ses femmes...
La femme de la Manche est robuste et gracieuse,
honnête jeune fille et épouse parfaite.
Le soleil de la chaude plaine de vignobles
a brûlé sa peau, mais son coeur conserve
une fraîcheur de cave. Pieuse, elle sait prier avec foi,
pour que Dieu nous délivre de tout ce qui ne se voit pas.
Son oeuvre est sa maison...
...De sa maison ellest la muse ordonnatrice;
elle dispose la vaisselle, met du camphre sur le linge;
note sur son carnet les comptes du marché,
et compte les pois chiche, compte les grains de son chapelet.
Et encore ? Il y eut sur ces champs un amour de feu,
deux yeux embrasèrent un coeur de la Manche.
.......................
Oh! femmes de la Manche, sous le nom sacré
de Dulcinée, que vous délivre la gloire du Quichotte.
À Collioure, il n'y pas que le cimetière avec son poète, il y a aussi des plages au pied de l'église. La baignade était particulèrement agréable. Je me répétais en nageant : "Profite, c'est le dernier jour d'octobre, ça ne va pas durer !" Il y avait les soirées sous les treilles à manger des tapas et à boire du vin. Et là aussi, je me disais : "Profite, etc..."