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Je te regarde effeuiller une à une ta rutilante parure
Un timide rayon se pose sur tes épaules dénudées
Ce que tu montres de toi est présage de saison déjà morte
.
Je chuchote dans l’aurore des mots d’amour vains
Le ciel s’en fout qui vaque à ses journées
Aussi indifférent que ceux qui prétendent vivre
Quand ce qu’ils vivent n’est que l’apparence des choses
.
J’ai saisi un rayon de lune entre mes doigts engourdis
Cherché longtemps dans le ciel éteint l’étoile à qui l’offrir
J’entendais pourtant la douce voix des songes
Dans le cristal d’une source invisible
Où tu te baignais
Nue et fragile
Offrant aux buissons la langueur de tes soupirs
*
Le monde est là
Frémissant dans l’instant en suspens
Rien ne se voit à qui ne sait tourner la clef
Rien ne se sent à qui ne connaît que cuirasse
Les armes n’ouvrent aucune porte
Ni les cris
Ni la fureur
*
Me voilà sur le seuil de la vie
Heureux d’en avoir tant tenues
Entre mes mains tremblantes
De ne rien savoir
.
Me voilà devant la page blanche
Me faudra écrire et écrire encore
Jusqu’à en perdre haleine
Sur le quai
Juste avant l’ultime appareillage
Décrire l’infinie espérance
Toujours enfuie
Toujours à reconquérir
.
Mes mots sont si peu de chose
Ma musique tant troublée de vos chagrins
Ma voix se voile de ne savoir vous inviter
A l’éveil
.
Nonque j’y sois parvenu
Je n’atteints aucune étape
Ne soupire après aucun maillot jaune
Ne souhaite prendre aucun pouvoir
Juste rêver dans le petit matin paisible
Les oreilles pendues à ma ville qui s’ébroue
Après ses torpeurs nocturnes
*
Je suis rentré hagard dans un crépuscule orangé
Le mistral s’était fait souffle frais
Sur les sommets en proie aux premières gelées
Ne croisais âme qui vive
Sinon trois heureux rescapés d’un tsunami nucléaire
.
Ils me saluèrent d’un sourire de connivence
Ils sont les seuls ou presque
A me saluer ainsi
Les autres
Ceux que je croise chaque jour
Feignent l’indifférence
Marchent en regardant le bout de leurs souliers
*
Ainsi vogue la barque sur l’étang sec du jour
Qu’il faille démêler l’écheveau des sources
Pour y lire l’avenir incertain
.
Manosque, 10 août 2011
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