Critique Ciné : Good Neighbours, un savant mélange de réussite

Par Delromainzika @cabreakingnews

Good Neighbours // De Jacob Tierney. Avec Jay Baruchel, Scott Speedman et Xavier Dolan.


Good Neighbours c'est le thriller qu'on attends pas finalement. En effet, derrière son image assez bien travaillée, sa bande originale sympathiquement choisie et l'élégance de ses personnages, on est face à une sorte de Fenêtre sur Cour mais vu de l'intérieur. La vie de cet immeuble est sensationnelle, on s'attends pas aux différents évènements et la fin du film est pour une fois surprenante : qui va mourir ? pourquoi ? comment ? Telle est la question et c'est très efficace. L'ambiance prend donc tout son sens très rapidement et on se laisse berné par les différents protagonistes jusqu'au dénouement. C'est donc bel et bien un thriller sombre et sobriquet qui donne une vision assez putride de Montreal certes mais qui reste réaliste et assez bien mise en scène.
Good Neighbours raconte l’histoire des locataires d’un immeuble et des conséquences qu’ont sur eux les meurtres en série des jeunes femmes. Dans cet immeuble de trois étages vivent Spencer, confiné dans un fauteuil roulant depuis un tragique accident survenu quelques mois plus tôt et dans lequel son épouse a trouvé la mort, Louise, serveuse dans un restaurant chinois et qui n’a aucun autre intérêt dans la vie que ses chats Mozart et Tia Marie et un nouveau venu, Victor, un enseignant à l’école primaire qui vient tout juste d’aménager. La question n’est pas tant de savoir qui est l’auteur du crime ici, mais plutôt qui s’en sortira...
Le film érode donc son sujet et égraine petit à petit les éléments qui font que cette collocation fonctionne ou pas. Quitte à vous faire oublier qu'un serial-killer rode dans les parages, le film place une ambiance assez sombre avec des personnages qui cachent tous quelque chose de plus ou moins passionnant. Derrière une bande originale enivrante et assez originale (rappelant que les canadiens savent choisir la musique de leurs films, et je m'en vais faire référence à Xavier Dolan mais c'est un peu devenu ma référence du cinéma là bas, et il joue dans ce film, un rôle malheureusement trop minuscule à mon goût). Derrière une réalisation concept et une construction du film sous forme de calendrier, ça fonctionne. Il y a certaines grosses ficelles, mais la réalisation permet de ne pas en faire gage et surtout de trouver un tantinet d'originalité dans ce thriller téléphoné de A à Z (même si l'on ne connait pas le tueur en série, puisque la série s'articule uniquement autour de cette communauté).
Petit à petit on a droit à un film qui ressemble à du Almodovar sans la touche Almodovar, du meurtre presque gratuit aussi bien des chats que de celle qui aura tué ces chats en les empoisonnants. D'ailleurs le meurtre de cette femme va être assez bien orchestré dans le film, on s'y attend pas vraiment surtout tout le plan pour faire croire que le meurtre a été perpétué par quelqu'un d'autre est réussi (jusqu'au faux viol, elle avait tout prévu). J'ai donc bien aimé, malgré son côté huis clos Hitchcockien trop impersonnel, le film est efficacement monté. On ajoute à ça la bonne dose maligne de folie amenée à ce Montreal taciturne où l'on a droit à de la levrette en pleine rue. Alors que le sujet, bancal de départ, aurait pu être raté, finalement voilà un thriller bien plus ingénieux qu'il n'y parait, ne pâtissant même pas de Jay Baruchel que je trouve assez mauvais dans le rôle principal du film.
Note : 7/10. En bref, derrière un film qui avait tout pour être un navet, finalement se cache un thriller ingénieux où la réalisation et le sordide scénario ficelé fonctionne à merveille.