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Intime ou pas intime ? Telle est la question. Du moins c'est la question qui agite les blogs, ici ou là.
Lorsqu'on entame un blog, je en pense pas que les règles soient définies à l'avance. Elles se mettent en place au fur et à mesure. En ce qui me concerne, l'histoire de ce blog (et de feu son prédécesseur) était motivée par le fait de parler de la maison d'édition Cousu Main que j'anime (très mollement en ce moment) avec l'association du même nom. La frontière était d'emblée ténue entre cette activité et le reste de ma vie. Alors, les dépassements, envahissements ont eu lieu. D'ailleurs, alors que feu le précédent blog s'appelait Cousu Main, celui-ci est devenu Tout à fait Décousu pour être plus précisément le reflet des différents aspects des propos qui y sont tenus au fil des pages, tout en gardant l'idée initiale. Mais, une autre frontière s'est établie implicitement. Celle de l'intime.
Pourquoi éviter de parler de soi ? D'abord, par peur d'ennuyer tout le monde. Pourtant certains racontent leur journée par le menu (quand je dis menu, on va même jusqu'à savoir ce qu'ils ont mangé!) et pour autant, ne nous lassent pas. J'ai du mal à envisager de faire la même chose. Pour préserver ce territoire intime, j'ai évité de montrer des photos de moi, à part celle qui se trouve en haut et à gauche du blog (prise il y a quelques années!). Je montre que peu les personnes qui partagent les instants de ma vies, ou sinon avec des photos pas très claires. Pourquoi ce choix ? Pour ne pas être reconnue dans la rue comme c'est arrivé à Philippe De Jonckheere récemment à son plus grand étonnement ? Certainement pas. J'ai du mal à trouver une explication à cette limite imposée, comme à celle de me raconter plus intimement. Je l'ai déjà dit : j'ai peur que ma vie lasse les quelques lecteurs fréquentant l'endroit. J'ai aussi parlé de feu le précédent blog que j'ai détruit au mois de mai dernier. C'est plus facile de faire disparaître un blog qu'un journal intime sur un cahier. Un simple click suffit. Pas de feu pas de fumée. J'avais fait ce choix, à ce moment-là car il me paraissait dérisoire de parler d'autre chose que de ce mal-être qui me bouffait. Comme je l'avais dit à cette époque-là, j'avais choisi de détruire du virtuel pensant que les dégâts seraient moins lourds.
En équilibre sur le fil qui délimite l'intime, j'avance à pas hésitants.