Je vous propose d’aborder une série de billets (que j’espère assez longue) sur l’héraldique, sa lecture et ses manifestations en bibliophilie.
L’héraldique est une science bien délaissée, en France tout au moins. Elle bénéficie cependant toujours d’un cours en option à l’Ecole du Louvre. Cours qui se justifie pleinement pour l’identification des oeuvres d’art du passé, meubles, vitraux, architecture, orfèvrerie, peinture etc. Le bibliophile aussi est sans cesse confronté à l’héraldique à travers reliures aux armes, ex-libris, frontispices, pages de titre ou de dédicace.Armoiries sur bois (buffet), pierre (pierre de fondation), fonte (taque de cheminée), vitrail.
Les armoiries (ou armes) sont habituellement représentées depuis le XIIe siècle sur un écu. L’origine remonte aux signes distinctifs arborés par les combattants sur l’arme défensive, le bouclier, tenu en avant. Il semble que l’organisation des tournois ait permis de fixer les armoiries. Avec le temps cet écu armorié devient protocolaire et décoratif. Le musée de l’hôtel de Cluny conserve quelques beaux exemples de grand pavois armoriés. Le mot pavois exprime bien cette exposition de couleurs et d’armes.Armoiries et livres : Page de titre 1529, Armes sur reliure en veau XIXe,
livre de raison manuscrit du XVIe, gravure sur cuivre portrait XVIIIe
Le blason est la description des armoiries. Il ne devrait pas être utilisé comme synonyme. Ainsi blasonne-t-on quand on donne lecture des armoiries. Le sens est le même dans les écrits à la mode des XVIe et XVIIe siècles tels que “le blason du corps féminin”. Ajoutons encore que la nuance a été bien comprise par l’argot parisien qui adopte le mot “blase” pour traduire le nom patronymique.
L’écu est par convention divisé en différentes régions. Sa surface est appelée champ. La référence dans l’espace est celle du combattant porteur de l’écu. Le bord gauche de l’écu pour l’observateur est donc le droit du combattant et appelé dextre. À l’ opposé le bord gauche du combattant est appelé senestre. Le haut de l’écu est le chef, le bas la pointe, le centre l’abîme ou le coeur, les coins sont les cantons.Lauverjat.