DES FORMES ATTENUEES DE LA MYXOMATOSE
La myxomatose est une maladie justement redoutée des éleveurs, mais il semble que beaucoup d'entre eux s'en fassent une image un peu trop rigide ou classique. On voit souvent des éleveurs envoyer des sujets dans les laboratoires ou demander conseil à leur vétérinaire ou à un technicien et être tout surpris devant le diagnostic de myxomatose.
Pour eux, en effet, la myxomatose reste ce qu'elle était au début : une maladie entraînant avant tout une énorme enflure de la face, donnant au malade un aspect repoussant, gagnant les oreilles qui, alourdies, sont pendantes le tout accompagné d'ophtalmie purulente qui, s'ajoutant à l'enflure, rendaient souvent le malade aveugle. Moins immédiatement visibles, des lésions génitales complétaient ce tableau redouté, avec l'apparition de nodules cutanés de dimensions variables.
Depuis déjà quelque temps, on observe des formes atténuées dues à des souches de virus moins pathogènes et dont l'apparition est le résultat de mutations du virus initial. Ces mutations s'observent dans toutes les espèces vivantes et consistent dans l'apparition chez un individu (à la naissance bien entendu et en fait dès la formation des cellules sexuelles) d'un caractère nouveau qui, par la suite, est héréditaire. Les éleveurs de lapins savent bien que la variété "Rex'" est ainsi due à une mutation. Ces mutations s'observent aussi chez les microbes et les virus. On peut évidemment se demander pourquoi dans le cas de la myxomatose en particulier, cette mutation s’est faite dans le sens d'une diminution de la virulence ; c'est peut-être parce que la maladie évoluant plus lentement, les malades sont pendant plus longtemps une source de contagion et, une fois guéris restent pendant un certain temps des disséminateurs de virus atténué, donnant à celui‑ci un avantage sur les formes plus virulentes qui causent une maladie plus rapide et ne laissent aucun survivant.
Quoi qu'il en soit, il existe actuellement des formes de myxomatose atténuées dont les symptômes se limitent à l'ophtalmie plus ou moins purulente et en général sans cécité, et à l'apparition de nodules de la grosseur d'une lentille à celle d'un haricot et surtout visibles sur les oreilles, mais pouvant apparaître en divers points du corps. Il n'y a plus alors les signes caractéristiques de la maladie classique et souvent l'aspect du malade n'est guère différent de celui que l'on voit dan la coryza grave. Les lésions génitales n'existent plus et si l'éleveur pensant à la myxomatose cherche une confirmation de ce côté, il ne la trouve pas.
Dans certains cas, il n'y a pas de lésions génitales ; enfin, il y a parfois ophtalmie seule, mais cela est rare.
On se trouve donc, actuellement, assez souvent en présence d'éleveurs qui ne pensent pas à la myxomatose ; ceux‑là doivent savoir que devant des lésions oculaires à allure contagieuse, il faut y penser et chercher la confirmation du diagnostic soit dans les nodules, des oreilles surtout, soit dans les lésions de l'appareil génital externe mais pas forcément dans les deux à la fois, ni dans l'enflure de la face.
Parfois, on rencontre au contraire des éleveurs qui pensent trop à la myxomatose et qui devant un cas d'ophtalmie, souvent sur un seul oeil sans écoulement purulent, sacrifient un sujet que quelques gouttes d'un collyre antiseptique auraient guéri en 48 heures.
En conclusion, pas de diagnostic trop hâtif et ne pas oublier que la myxomatose, même atténuée, reste une maladie contagieuse qui ne donne donc pas un cas unique mais qui peut très bien se manifester sous des formes moins typiques dans lesquelles l'ensemble : enflure de la face, ophtalmie, nodules cutanés, lésions génitales, n'existe plus de façon isolée, l'ophtalmie subsistant accompagnée d'une des deux dernières lésions ; ajoutons que ces cas, fort heureusement, évoluent en général vers la guérison spontanée, non sans, cependant, atteindre fàcheusement l'état général des malades, qui en sortent fort amaigris mais aussi vaccinés.