Prison de New-Bell : Des parloirs pour riches et des salles crasseuses pour pauvres
Publié le 21 septembre 2011 par 237online
@237online
Écrit par Mutations
Mercredi, 21 Septembre 2011 13:37
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Les conditions de détention sont fonction de la condition sociale du prisonnier.
Dans la cour de la prison de New-Bell à Douala, de nombreuses personnes attendent debout. D'autres sont assises sur des bancs. C'est dimanche, l'un des trois jours de visite. Pascal, un détenu, se balance d'une jambe sur l'autre pour se jouer de la fatigue et tuer le temps en attendant l'arrivée des membres de sa famille. «C'est très difficile de communiquer ici avec nos visiteurs. Pour avoir une place assise, ils doivent arriver tôt. Sinon, on reste debout», se plaint-il. La cour de la prison a l'air de rétrécir au fur et à mesure que les familles arrivent. Le «bureau intérieur» réservé pour la communication entre détenus et visiteurs s'avère trop étroit pour accueillir tout
le monde. Cet espace aux murs crasseux jouxte la cellule disciplinaire dans laquelle sont enfermés les détenus récalcitrants. Des gardiens de prisons y sont assis près d'une table.
Serrés sur des bancs, visiteurs et détenus se parlent comme ils peuvent au milieu des cris des détenus de la cellule disciplinaire qui sollicitent un peu d'argent. Changement de décor chez les détenus dits Vip, incarcérés dans le cadre de l'Opération Epervier et placés en détention dans la cellule spéciale 18. La salle où ils reçoivent leurs visiteurs se trouve près du «bureau intérieur». Dans ce parloir, assez étroit des box sont aménagés et séparés en compartiments avec tables et bancs disposés de chaque côté des tables. La salle est éclairée, climatisée et calme. Un couloir sépare les deux rangées et chaque box dispose d'un rideau d'isolation. Cette différence de traitement est reconnue par les autorités de la prison centrale de
Douala. Elles expliquent avoir prévu le parloir, la cour de la prison et le "bureau intérieur" comme espaces de communication pour les détenus et leurs visiteurs.
«Mais, les détenus Vip ont installé, à leurs frais, un espace dans lequel ils reçoivent leurs visiteurs tout comme ils l'ont fait pour leur cellule. Leurs conditions de vie correspondent à leur classe sociale. Ce n'est pas une discrimination de la part de l'administration pénitentiaire", précise le chef du service discipline et des activités socioculturelles et éducatives (Csdascé) de la prison. Ces prisonniers privilégiés sont, pour la plupart, des directeurs généraux d'entreprises de l'Etat et des hautes personnalités de la République.
Selon Me René Manfo, avocat au barreau du Cameroun, cette disparité dans les conditions de détention n'est pas conforme aux dispositions du Nouveau code de procédure pénal (Ncpp) et aux principes de "Island". "Après la détention de
Nelson Mandela dans des conditions inhumaines, la Communauté internationale a mis sur pied les principes humains à respecter en milieu carcéral. C'est d'ailleurs ce que veut le Ncpp qui a amélioré les conditions dans lesquelles les détenus doivent être traités", explique l'avocat.
Pourtant, la réalité dans les prisons et cellules du Cameroun est toute autre. Les cellules sont étroites, lugubres, surpeuplées et pas suffisamment aérées. C'est pour éviter d'être détenus dans ces conditions déplorables que les accusés de l'Opération Epervier ont payé l'arrangement de leur cellule spéciale 18 et de leur parloir. Un confort minimum qui devrait normalement être assuré par l'Etat. "Nous souhaitons la construction de prisons modernes et bien équipées, afin que ce problème de disparité ne nous préoccupe plus", affirme le chef du service discipline, qui déplore le manque de moyens financiers mis à la disposition de l'administration pénitentiaire pour améliorer les conditions de détention des prisonniers. De tous les prisonniers...
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