Platane me réconcilie avec le fameux "esprit canal"

Publié le 21 septembre 2011 par Poclatelephage
Jusqu'à très récemment, je n'avais pas souhaité découvrir ce que l'esprit Canal apportait aux séries. Aucune des productions de la chaîne cryptée, et surtout pas « maison close », ne me tentait. Mais voilà, cet été, Canal + a organisé habilement le buzz autour de « Platane », la série créée par Eric Judor, notamment avec un spot publicitaire vraiment drôle (« de la oie ? »). Je ne suis pas du tout fan d'Eric et Ramzy, j'ai du voir un épisode « H » dans ma vie et ne pas le trouver drôle du tout, et pourtant une chose était sûre : je voulais voir « Platane » à tout prix.

J'en suis à mon sixième épisode de la série, au curieux format de 30 minutes en moyenne, et je suis conquise.
« Platane » est une vraie fausse auto-fiction qui raconte les déboires d'Eric (et Ramzy) Judor. Après une cuite monstrueuse, l'humoriste a un violent accident de voiture et se réveille un an plus tard du coma. Pendant son « gros dodo », son comparse lui a volé sa série et la gloire qui allait avec. Il faut donc qu'Eric se lance seul dans un nouveau projet, qu'il veut sérieux cette fois-ci. Son année dans le coma lui a ouvert les yeux, il ne veut plus être drôle. Après quelques hésitations sur le concept et le scénario, il décide d'écrire et de produire « la môme 2.0 » qui raconterait l'histoire d'une chanteuse de R&N'B qui découvre qu'elle est la petite fille d'Edith Pïaf (oui, c'est n'importe quoi, mais c'est ce qui est drôle en vrai).
Je le redis, je ne suis absolument pas une inconditionnelle du duo comique formé par Eric et Ramzy. Si je ne l'ai jugé par trop sévèrement au départ, je suis vraiment devenue phobique de leur couple en constatant qu'ils se sentaient obligés d'en faire trop à chaque apparition télé et de pourrir tous les plateaux sur lesquels ils apparaissaient de leurs vannes faiblardes. J'ai donc été agréablement surprise au démarrage du premier épisode en découvrant Eric et Ramzy, dans leurs propres rôles, qui humilient un pauvre journaliste en conférence de presse parce que son pull est moche - il n'est pas exclu que je me sois projetée – et qui sont ensuite encensés par une production complice alors que leur nouvelle fiction, la suite de « H » dans un hôpital psychiatrique baptisée « HP », semble nulle. J'avoue que cette légère auto-critique m'a bien plu.
Eric Judor est un affreux jojo dans « Platane ». Ignare, velléitaire, lâche, radin, volontiers raciste, bête, menteur, flagorneur...il n'a strictement rien pour plaire. Pourtant, on finit par sincèrement compatir à sa galère et par s'attacher véritablement àl lui. Comment va-t-il s'en sortir avec son projet foireux ?
« Platane » n'est pas forcément une série toujours hilarante. Il y a quelques longueurs, à mon avis assumées, qui ne déservent pas pour autant les intrigues. L'humour de la série me fait un peu penser à celui de « 30 rock », notamment dans la construction des gags, ou pour l'auto-fiction à « Episode ». Eric se fait notamment appeler régulièrement « Monsieur Ramzy », un running-gag, qui fonctionne bien, comme le « hey, how you doin'  » de Joey qui revient sans cesse dans « Episode ».
Bon, en plus, « Platane » est la première série française, que je vois du moins, à oser la pléiade de guests, et pour l'instant chaque apparition de star est nécessaire et hilarante. Clotilde Courau est parfaite dans le rôle de l'actrice un peu paumée qui a tourné un film super pourri en Afrique et Monica Bellucci est vraiment géniale en militante acharnée de l'environnement. Guillaume Canet, que je suis loin de vénérer, fait également une excellente apparition dans la série, comme Matthieu Amalric, dont Eric ne connait pas le nom, et plein d'autres.
J'attends la suite mais pour le moment « Platane » tient toutes ses promesses. Le seul défaut de la série demeure certainement son titre.