La Nouvelle-Zélande a beau être un pays à part, elle n'en demeure pas moins un pays Anglo-saxons. En conséquence de quoi, elle dispose d'une presse de grande tenue et d'une autre qui se complait dans la provocation.
Le sentiment anti-Français de la presse tabloïd est une tradition, entretenue sans doute par quelques épisodes qui ne sont pas à l'honneur de notre pays. Mais on constate que cette même presse (et sans doute, malheureusement une petite partie de sa population) est prompte également à agonir de critiques quelques uns de ses compatriotes pourtant les plus remarquables de la planète ovale. Au nom d'un certain conformisme et d'un patriotisme exacerbé. On le reconnaît volontiers, il ne s'agit pas d'une caractéristique propre à nos amis Néo-Zélandais et ce travers est largement partagé par les media de l'hexagone. Ce n'est pas une excuse pour autant.
Ainsi donc, une certaine presse accuse Marc Lièvremont d'aligner une équipe B face aux Blacks samedi prochain. Cette assertion est parfaitement infondée. Elle est même d'une grande ingratitude. Pour une fois que le sélectionneur se décide à présenter une composition qui réponde quelque peu à la notion d'équipe-type, le voilà tancé !
On voit bien, dans les propos des plumitifs, l'allusion à la titularisation de Morgan Parra à l'ouverture. Et sur ce point, effectivement, il est possible d'estimer que le pari Parra apparaît risqué face à la meilleure opposition mondiale. Le genre de pari qu'on pourrait perdre sans qu'on en fasse un drame...voire avec le sourire de celui qui a touché un lot à "qui perd gagne".
Mais réduire le XV de France à son numéro dix, voilà un raccourci mathématique qui frise l'inconséquence rugbystique. Il se murmure néanmoins qu'un certain nombre de spécialistes Kiwis de la chose ovale se soient désolidarisés de ces accusations.
Dans le même ordre d'idée, on observe d'autres manifestations d'ingratitude de la part des Néo-Zélandais à l'égard même de leurs propres ressortissants. Ainsi, Quade Cooper, natif du pays du Long nuage blanc, est une cible privilégiée des tabloïds qui ne manquent pas de rappeler ses frasques ou d'ironiser sur son niveau intellectuel. A nos yeux, son principal tort est de ne pas jouer en noir et d'avoir préféré l'or du maillot Australien. Le patriotisme local est parfois oublieux de ce qui fait aussi la richesse du rugby Néo-Zélandais, à savoir ses joueurs issus des nations du Pacifique, et qui arborent la fougère argentée sur le coeur plutôt que l'aigle des mers ou le cocotier...
Un mot enfin, sur Sonny Bill Williams, qui bénéficie également d'un traitement de faveur de la part des media du pays et même d'une frange des supporters All Blacks. Trop arrogant, aimant trop l'argent, égoïste.... Evidemment, SBW n'est pas un saint. Il a connu quelques soucis qui ont fait les choux gras de la presse à scandale. Son comportement est jugé indigne de son statut d'international de rugby. Mais ce joueur mériterait sans doute de la part de ses compatriote un peu plus d'estime, lui qui contribue à perpétuer le mythe des All Blacks, ces joueurs pas tout à fait comme les autres.
Ce n'est pas nouveau, la presse ici comme ailleurs fait souvent preuve d'ingratitude, comme elle saura, n'en doutons pas, tresser des lauriers au "bad boy" si d'aventure il se ditinguait le soir du 23 octobre prochain. Peut-être contre une nouvelle équipe B de France, qui sait ?