A cette heure, je ne sais ce qu'il est advenu de Troy Davis, condamné à mort dans l'Etat de Georgie, aux Etats-Unis.
Ce que je sais, c'est que le recours en grâce lui a été refusé, alors que rien ne prouve sa culpabilité dans le crime dont il est accusé.
Alors, pour lui, je rappelle ces propos d'Albert Camus. Pour lui, et pour ceux qui, de leur silence auront couvert le crime.
Albert Camus
Si la peur de la mort est une évidence, c’en est une autre que cette peur, si grande qu’elle soit, n’a jamais suffi à décourager les passions humaines.
[…]
Devant le crime, comment se définit notre civilisation ? La réponse est simple : depuis trente ans, les crimes d’Etat l’emportant de loin sur les crimes des individus. Je ne parle même pas des guerres, générales ou localisées, quoique le sang aussi soit un alcool, qui intoxique, à la longue, comme le plus chaleureux des vins. Il y a de moins en moins de condamnés de droit commun et de plus en plus de condamnés politiques. […] Ceux qui font couler le plus de sang sont les mêmes qui croient avoir le droit, la logique et l’histoire avec eux.
[…]
Les lois sanglantes, a-t-on dit, ensanglantent les mœurs. Mais il arrive un état d’ignominie, pour une société donnée où, malgré tous les désordres, les mœurs ne parviennent jamais à être aussi sanglantes que les lois.
in Réflexions sur la guillotine