Je poursuis mes investigations dans l’œuvre d’Andrea Camilleri. Le troisième opus dans la liste, toujours aussi bien traduit – je devrais dire "rendu" - par Serge Quadrupanni assisté de Maruzza Loria.
Dans le même temps, on retrouve le cadavre d’un Tunisien fauché en pleine mer par une vedette de patrouille tunisienne. L’équipage du bateau revenu s’amarrer à Vigàta n’a absolument pas compris pourquoi les tunisiens ont fait feu sur cet homme, en pleine nuit…En fait, on apprendra bientôt que les deux affaires sont liées, que le mort n’était ni un marin cherchant du travail, ni un journaliste enquêtant sur la vie de ses concitoyens en Sicile, que Karima a un petit garçon nommé François et vit avec sa mère la vieille Aisha, et qu’elle va disparaître elle aussi. Trafic d’armes, de drogue, terrorisme …..peu importe, à dire vrai.
Le plus important dans cette histoire, c’est ce que nous apprenons sur la jeunesse de Montalbano, sa vie d’avant, le fait qu’il a perdu sa maman très jeune, que son père l’a élevé avec amour mais sans pouvoir communiquer avec son fils ou si mal, son incommensurable immaturité, qui n’entrave cependant nullement sa clairvoyance. Nous faisons connaissance avec Livia, sa douce amie qui habite Gênes, et qui va s’occuper un certain temps du petit François, le voleur de goûter.
Une histoire pleine d’émotion, de tendresse, de vulnérabilité, avec de savoureux personnages qui traversent le roman comme le « Chevalier » Liborio Pintacuda, professeur de philosophie en retraite, qui partage sans un mot avec Salvo les exquis repas du cuisinier Tanino, pendant quelques jours à la trattoria de Mazàra, où il se retire pour réflèchir, lui aussi…
Et toujours, l’intrication des fils de ces ténébreuses affaires, les suppositions dénouées avec brio, les mensonges éhontés mais qui produisent les effets escomptés. Enfin, on respire : Montalbano a encore trouvé un subterfuge pour ne pas être promu et donc muté hors de Vigàta !
Le voleur de goûter, Il ladro di merendine, roman par Andrea Camilleri - paru en 1996, Editions Fleuve noir Pocket, 248 p. 6€.