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L’auteur :
Isabelle Kaufmann est médecin mais aussi peintre, illustrateur, auteur compositeur (jazz) et auteur d'un premier roman publié en 2006 chez Flammarion : Ne regardez pas le voleur qui passe.
L’histoire :
Il y a une Bugatti qui file en 1924 dans la plaine d’Alsace, un homme trahi et un bébé abandonné.
Une voyante bulgare qui tire des cartes singulières, une femme mélancolique effaçant les lignes droites ; d’abjects coups de téléphone.
Il y a un petit garçon qui invente des jouets, deux scientifiques dans un laboratoire surchauffé, des espoirs ravivés et des secrets inavouables.
Dix-sept enfants noirs sur une plage de Zanzibar, des vagues qui se brisent, des amants égarés.
Il y a les théories d’Einstein en pleine évolution, des trouvailles fortuites, des erreurs de calcul.
Il y a une fête foraine, la nuit.
Et au cœur de tous ces destins, Kitz cherche la réponse à une question désespérée : comment payer ses dettes lorsqu’on doit rembourser, non de l’argent, mais du temps ?
Ce que j’ai aimé :
- Une fois n'est pas coutume, je tiens à mettre en avant cette quatrième de couverture remarquablement bien écrite. Elle contient juste assez de mystères, de poésie, de beauté pour rendre hommage au texte et nous incite brillamment à nous plonger dans l'univers de l'auteur. Du grand art...
- La poésie est dans le style mais aussi dans l’intrigue, dans les personnages...
« Elle flageole, tombe à genoux, puis chavirant dans le silence minéral de grains de sable, s’évanouit sur le flanc de cette île soumise et rebelle à la fois, cette île qui lui ressemble tant. » (p. 197)
- Enfin un roman de la rentrée littéraire que j'ai trouvé original ! L'auteur ne parle ni de son grand-père, ni de sa mère, ni de sa famille, mais INVENTE une histoire en s'appuyant sur des découvertes scientifiques et fait preuve d'une réelle innovation. Comme pour Gilpertz qui souhaite inventer "un calendrier gaufré qu’on grignoterait chaque jour d’une case. La pâte serait parfumée et colorée selon le mois concerné, jouant sur les ambiances et les arômes de saison. Friandise ludique et surtout incitation à l’observance quotidienne d’un traitement, les malades dont les remèdes seraient enfouis dans la gaufre ne présenteraient plus aucune réticence ni rechute imprévue. » parce que sa femme est internée en clinique psychatrique suite à l’oubli de son traitement.
Un roman que je vous conseille vivement...
« Le fait est que nous sommes capables de mener à terme des démonstrations scientifiques et de résoudre des problèmes relatifs à de nombreux systèmes spatiotemporels. Mais en ce qui concerne notre propre personne, nous sommes face à un univers ténébreux dont nous ne maîtrisons aucune dimension. L’infini est en nous, Claudius. » (p. 143)
Ce que j’ai moins aimé :
- La fin m’a un peu déçue, un peu trop simple et rationnelle à mon goût.
Premières phrases :
« La Bugatti pile sur la route déserte. Nuage de poussière au milieu de l’immense plaine quadrillée de champs de blé, de houblon, de colza. La collision a été évitée de justesse. Un corps est allongé sur le sol. Le conducteur, moustache en désordre et costume chiffonné, sort de son véhicule. »
D'autres avis :
Leiloona
Grand Huit, Isabelle Kauffmann, Le Passage, août 2011, 296 p., 18 euros