Le cochon de Gaza, réalisé par Sylvain Estibal, nous raconte une fable burlesque et poétique portant un regard drôle et tendre sur le moyen-orient.
Histoire :
Après une tempête, Jafaar, un pêcheur palestinien de Gaza, remonte par hasard dans ses filets un cochon tombe d’un cargo. Bien décidé a se débarrasser de cet animal impur, il décide toutefois d’essayer de le vendre afin d’améliorer son existence misérable. Le pauvre Jafaar se lance alors dans un commerce rocambolesque et bien peu recommandable… Dans cette tragi-comédie, l’ensemble du petit peuple de Gaza, coince entre sa misère absolue au quotidien, les contraintes des militaires Israéliens et le diktat des barbus aux commandes, est représenté par ce pauvre pêcheur dont l’unique souci est de survivre au jour le jour et qui, pour cela, est prêt a tout.
Jafaar, dans une permanente dérision de lui-même, même dans les moments tragiques, évolue dans cette histoire a l’humour mordant… et nous laissera espérer que si l’on peut s’entendre, malgré toutes les différences, a l’échelle individuelle, on peut s’entendre in fine, a l’échelle collective.
Réalisé par Sylvain Estibal
Avec : Sasson Gabai, Baya Belal, Myriam Tekaïa.
Titre original : When Pigs Have Wings
Long-métrage français , belge , allemand .
Genre : Comédie
Durée : 1h38min
Année de production : 2011
Secrets du réalisateur:
Sylvain Estibal s’est inspiré de La Vache et le prisonnier : « J’aime la simplicité de ce film, et l’idée d’un homme démuni s’appuyant sur l’animal pour sortir d’un contexte difficile« , confie le réalisateur. Sur le duo de son film, il explique : « Dans Le cochon de Gaza, le cochon a une valeur symbolique, il est sombre, inquiétant, il représente le préjugé, l’inconnu, la peur qu’il nous faut apprivoiser. »
Jafaar est interprété par Sasson Gabay. Il a été choisi par le réalisateur grâce à sa performance dans La Visite de la fanfare. Ce dernier recherchait « quelqu’un d’attachant avec qui l’on puisse facilement tomber en empathie, un visage profondément humain ».
Sasson Gabay a accepté d’interpréter Jafaar car le personnage lui faisait penser à Chaplin : « Ce petit homme qui essaie humblement de survivre aux catastrophes et qui, même dans les pires circonstances, ne renonce jamais. On a l’impression que Jafaar se bat contre le monde entier, les soldats sont contre lui, les pêcheurs, les policiers, le jihad, l’administration… même la mer est contre lui ! Pourtant, il refuse de baisser les bras. C’est un de ces hommes très simples en qui chacun de nous peut croire. »
Il est, israélien d’origine irakienne, joue un palestinien. Une habitude pour l’acteur qui interprète très souvent des personnages non-Israéliens : « Il m’est arrivé d’interpréter des personnages Afghans, Égyptiens et Palestiniens. C’est une chance car j’adore parler d’autres langues que ma langue maternelle, je trouve cela stimulant. Par exemple, dans La Visite de la fanfare, j’ai adoré travailler l’accent égyptien et cela n’a jamais été une contrainte. Par ailleurs, c’est mon métier d’entrer dans la peau de gens différents de moi, quelles que soient les différences », déclare l’acteur.
En revanche, Myriam Tekaïa a un parcours particulier. Tunisienne, elle est née en Italie, puis a grandi au Canada et en Inde. Elle est venue faire des études supérieures à Paris, puis un jour, par nécessité professionnelle, elle a suivi dix jours de stage de prise de parole et a eu un véritable coup de foudre pour le théâtre. Ensuite, elle a été admise en classe libre au Cours Florent et a donc changé de voie.
Bien que le film possède un message, Sylvain Estibal ne souhait pas prendre parti : « Il est arrivé sur le tournage à certains acteurs de penser que, parfois, le film penchait pour un camp plus qu’un autre. Mais c’est arrivé aux acteurs des deux camps, ce qui est plutôt rassurant ! Au fond, nous sentions tous, je crois, que nous portions un message de paix. L’équipe, composée d’une vingtaine de nationalités, s’est mise totalement au service de ce message avec un vrai dévouement. »
Sylvain Estibal n’est ni israélien ni palestinien, pourtant il estime avoir son mot à dire sur le conflit : « Je ne pense pas qu’il faille appartenir à une communauté pour pouvoir parler d’elle. Le meilleur exemple est justement donné par Chaplin qui n’était ni Allemand, ni Juif, et qui pourtant a réalisé un chef d’oeuvre : Le Dictateur. Le conflit israélo-palestinien nous concerne tous, il fait hélas partie de nos vies et nous en subissons tous d’une manière ou d’une autre les conséquences. Lorsqu’on cherche à faire de l’art, c’est pour retranscrire une réalité qui n’est pas nécessairement la nôtre mais qui nous touche. »