Tout cela ne serait pas énervant s’il n’y avait pas dans «La Guerre Est Déclarée» le potentiel d’un vrai bon film, et si l’hystérie médiatique qui a entouré sa sortie n’était pas de nature à empêcher Valérie Donzelli de devenir une vraie réalisatrice, plutôt qu'à l’y aider.
Cette réaction n’est malheureusement pas complètement surprenante. Elle m’a d’ailleurs renvoyé à l’accueil critique qu’avait reçu «Les Chats Persans», célébrant outrageusement ce qui n’était jamais qu’une collection de vignettes maladroites, dépourvues de personnages et de dramaturgie. La sincérité et l’émotion brute transmises par les auteurs, qui racontaient leur vécu en Iran, avaient suffis, en dépit de l’extrême faiblesse cinématographique de l’œuvre.
J’y avais vu à l’époque une forme de condescendance un tantinet raciste, mais l’accueil du film de Donzelli me détrompe, en même temps qu’il m’inquiète. «Les Chats Persans» n’a donc pas bénéficié de ces dithyrambes parce qu’il était Iranien, mais parce qu’une certaine critique est désormais fétichiste de cet amateurisme ‘‘sincère’’ et porteur ‘‘d’émotions brutes’’. Pour elle, l’apprentissage et le travail sont désormais des filtres à bannir et le cinéma n’a nulle part où aller que vers l’infantile. Les réalisateurs sont invités à réinventer le fil à couper le beurre, film après film et chacun de leur coté. Voilà ce qui arrive quand on décrète que toute forme d’industrie est nuisible, et que toute règle est un vice.