Le dialogue plutôt que la diabolisation : le socialiste Jérôme Cahuzac prend date sur France 2
Par Victor Vieilfault
@Vic_Vieilfault
Féru de débats politiques, j'ai réservé une partie de ma soirée à visionner en différé l'excellente édition de Mots croisés d'hier consacrée à l'euro. Menée d'une main de maître par le talentueux Yves Calvi, la discussion s'est élevée au delà des logiques partisanes
et s'est concentrée sur le fond du problème : l'asphyxie de la croissance en zone euro et les amputations de souverainetés nationales.
Je tiens ainsi à remercier chaleureusement les acteurs de cet épisode politique pour la qualité de l'échange proposé aux français. C'est assez rare pour ne pas
manquer de le souligner : j'ai ressenti que les intervenants pensaient à la France et au bien commun. A l'exception certes du superficiel et léger Estrosi qui semblait bien dépourvu quand la
brise de la réalité soufflait à ses oreilles.
Le fond était bon. Mais la forme aussi. J'ai tout particulièrement apprécié le naturel et la délicatesse du député PS Jérôme Cahuzac envers les autres intervenants. Tout
au long des 80 minutes de débat le président de la commission des finances a fait montre de loyauté et d'honnêteté simple. Strauss-Khanien il n'a pas renié son ex-poulain déchu en argumentant
sans faux-semblant la position prise par l'ancien responsable du FMI au sujet de la Grèce il y a deux jours au JT. Socialiste il n'a jamais prêté le flanc à la caricature de la leader frontiste.
Au contraire, il a, à plusieurs reprises, adressé à Marine Le Pen des acquiescements sincères, des regards respectueux ou encore des demandes de précisions. Bref, il n'a pas cherché à jouer à un
jeu, il était sur un plateau télévisé en compagnie de frères et soeur de France. Quel moment de respiration pour le téléspectateur !
Cette impression qui s'est petit à petit dessinée en moi au cours de l'émission me laisse une agréable sensation de douceur. Ce député a tout compris. Respecter
l'étincelle divine qui brille en chaque interlocuteur devrait être le souci de chaque débatteur public. C'est ainsi seulement que la réaction en chaîne de l'alchimie du dialogue peut
véritablement démarrer : écouter pour comprendre, comprendre pour exprimer, exprimer pour nourrir.
La grâce n'étant pas sans effet je n'ai jamais senti Marine Le Pen aussi calme et détendue que durant cette émission. Loin des affabulations de la diabolisation, le
dialogue fait tomber les masques de la crispation et du mensonge. Le dialogue relève les hommes, et les révèle !