@ Broadway / Time Square
Je viens de lire que la comédie musicale Sister Act allait prochainement débarquer sur les planches parisiennes. Vraisemblablement en français. On avait déjà eu droit à un Mama Mia transposé dans la langue de Molière, et ça donnait quelque chose d’affreux, de dissonant « Mama Mia, c’est la même rengaine, je ne peux pas résister« . Je n’ai pas vu le spectacle (en VF), mais en ai aperçu quelques extraits à la télévision. Je ne pourrais donc ni juger ni du talent des danseurs/chanteurs/ ni de la qualité globale de la prestation. Une seule question me taraude : pourquoi adapter des comédies musicales, à l’origine anglophones, en français ? Surtout quand il s’agit de chansons « culte ». Ce serait horrible si tous les concerts hommage à Queen que l’on voit régulièrement tourner, proposaient les chansons traduites. Le shoooow doit continuuuueeer… Un désastre en somme. Un blasphème.
Lorsque j’ai regardé la première fois les épisodes de Glee sur M6, je m’étais demandée fébrilement s’ils n’allaient pas traduire les chansons, ces dernières faisant partie intégrante du processus narratif. Faut pas non pousser mémé dans les orties ! Alors pourquoi s’acharner sur les comédies musicales ? Parce qu’on ne va pas voir une comédie musicale comme on va voir un concert. L’expérience s’apparente davantage à une séance de cinéma ou une pièce de théâtre. Il y a un enjeu à comprendre ce qui se passe. Les producteurs ont eu exactement la même logique que pour les séries à la télévision ou les films au cinéma : mâcher le travail du public français, faire appel à sa paresse et à sa maîtrise trop relative de la langue anglaise. Pour faire court, ils nous prennent vraiment pour des cons. ( j’assume néanmoins avoir déjà vu des gens dans une file d’attente en cinéma se désister en voyant que le film passait en VO)
La barrière de la langue pourrait pourtant être contournée de tant de manières possibles sans dénaturer le matériau d’origine. Il y a quelques années, j’ai assisté au magnifique spectacle musical Monkey Journey to the West (dont on devait la conception visuelle aux mecs de Gorillaz, Damon Albarn & Jamie Hewlett), conté en chinois. Les échanges et les chansons étaient tout naturellement sous-titrés et retranscrits sur des écrans postés de part et d’autres de la scène. Ce qui permettait une compréhension très claire de ce qui se passait. De même qu’on ne pourrait pas traduire un spectacle bollywoodien et que Bharati est tout à fait compréhensible en VO et sans sous titres.
La semaine dernière, j’ai réalisé un de mes rêves en allant voir une comédie musicale à Broadway et je vous assure que ça fait un bien fou de voir Mama Mia en VO! Ayant vu quelques spectacles musicaux médiocres à Paris (Mozart l’Opéra Rock, Roméo & Juliette), j’ai rapidement compris la différence majeure de niveau entre la scène parisienne et celle de Broadway : le jeu des acteurs. En plus d’une performance vocale de qualité, ils prodiguaient un jeu digne d’une prestation de grand écran. C’était drôle, bien joué, hollywoodien, broadwaydien.