Crazy, Stupid, Love

Par Tedsifflera3fois

Crazy, Stupid, Love n’est pas un film fou (trop calibré), Crazy, Stupid, Love n’est pas un film stupide (la mécanique de la séduction est amèrement dépeinte), mais c’est effectivement un film sur l’amour. Tout le monde aime tout le monde et tout le monde est plus ou moins malheureux. Parfois drôle, parfois donneur de leçon, le film alterne le bon et le moins bon.

Synopsis : Le jour où Cal est largué par sa femme qu’il aime depuis plus de 20 ans, il se retrouve perdu et incapable de se relever. Jacob, séducteur hors pair, décide de le prendre en main…

Crazy, Stupid, Love est un pseudo film chorale qui raconte principalement trois histoires d’amour à trois âges différents. Le couple central, c’est celui formé par Steve Carell et Julianne Moore qui vivent une sorte de crise de la quarantaine après plus de 20 ans de mariage.

L’intrigue se concentre sur un motif bien connu de la comédie hollywoodienne : le relookage du loser en un homme séduisant qui découvre alors l’étendue de ses possibilités. Ryan Gosling joue le rôle éternel de Hitch, expert en séduction et montre à son élève les trucs et astuces pour coucher avec toutes les femmes dont il a envie. Pour faire simple, il faut être bien sapé, la faire rire, ne jamais se raconter soi-même, la faire parler et faire semblant de l’écouter, être sûr de soi et autoritaire, ne surtout pas lui laisser le choix. Et… ça marche! On est inquiet plus qu’on rigole car le film voit juste : il y a bien sûr une part de vérité assez importante dans la description de ce jeu de séduction machiste et intransigeant. La plupart des femmes préfèrent ne pas voir les failles, la séduction est un jeu où elles privilégient le plus souvent le paraître au dépend de l’être. Ce qui est important, ce sont les vêtements, les blagues, les formules toutes faites, les gestes précis et assurés de celui qui répète inlassablement une technique qui fonctionne.

Que reste-t-il de la sincérité et de la transparence? Pour la drague, elles sont souvent synonyme d’échec, nous dit le film qui semble hésiter entre en rire et en pleurer. Pour l’amour par contre, il faut se confier. Les deux autres histoires de coeur concernent, l’une un couple de jeunes adultes (mais cette romance-là manque cruellement de crédibilité, elle semble n’être là que pour retourner la morale du film : finalement, même le plus endurci des Don Juan a besoin d’honnêteté et d’amour), l’autre deux adolescents qui fantasment tous deux sur quelqu’un de beaucoup trop vieux pour eux. C’est sans doute cette dernière partie de l’histoire qui est la plus drôle et la plus tendre, notamment grâce au jeune Jonah Bobo, sorte de mini-Paul Dano romantique.

On l’aura compris, Crazy, Stupid, Love empile les clichés avec plus ou moins de bonheur et plus ou moins de pertinence, arrivant parfois à trouver un vrai tempo comique comme lors d’une des dernières séquences, quand tous les personnages se trouvent réunis dans la même maison pour un repas familial qui tourne au pugilat. Une petite surprise scénaristique et des acteurs plutôt bons permettent à la scène d’être assez savoureuse. Elle est néanmoins suivie d’une conclusion mielleuse et moralisatrice qui gâche notre plaisir. La comédie un peu vacharde aura bien son habituelle fin joyeuse et insipide. Non sans distiller un message légèrement régressif au passage. Pas aussi régressif il est vrai que le Bon à Tirer des frères Farrelly, mais la comédie US semble vouloir nous rassurer cette année : il n’y a rien de plus sacré que le couple.

Note : 5/10

Crazy, Stupid, Love
Un film de John Requa et Glenn Ficarra avec Steve Carell, Ryan Gosling, Julianne Moore, Analeigh Tipton, Emma Stone, Jonah Bobo, Joey King et Marisa Tomei
Romance, Comédie – USA – 1h58 – Sorti le 14 septembre 2011