Chats fluos dans la recherche sur le sida, pansements lumineux pour voir les bactéries, décidemment, l'innovation est dans les colorants. Ici, ces colorants pourraient permettre d'améliorer la chirurgie du cancer et sa survie: Dans cette recherche, en parvenant à marquer avec un colorant lumineux les cellules cancéreuses de l'ovaire, tout en évitant les cellules saines, les chirurgiens ont réussi à éliminer les très petites zones de cellules cancéreuses chez des femmes atteintes de cancer avancé de l'ovaire. Des résultats publiés dans l'édition du 18 septembre de la revue Nature Medicine.
Des médecins de l'Université de Groningen aux Pays-Bas et d'autres universités d'Allemagne et des Etats-Unis ont injecté à 10 femmes ayant un cancer de l'ovaire un colorant de marquage fluorescent qui permet de distinguer les cellules ovariennes cancéreuses qui s'illuminent alors sous une lampe spécifique également développée pour la recherche. Les zones fluorescentes guident les chirurgiens en leur permettant d'identifier les tissus cancéreux et leur permettent d'enlever une proportion plus importante de cellules cancéreuses.
Cette technique est prometteuse, mais devra encore être testée sur un plus grand nombre de femmes à différents stades du cancer de l'ovaire, un cancer qui ne produit pas de symptômes précoces très distinctifs, donc trop fréquemment diagnostiqué à un stade avancé. Les perspectives pour les femmes atteintes d'un cancer de l'ovaire à un stade avancé sont limitées, seuls à 20-25% des femmes atteintes aux stades III et IV ayant une survie à cinq ans. A ce stade de la maladie, le cancer de l'ovaire est traité par chirurgie puis (ou avant et après) chimiothérapie. Mais plus la quantité de tissu cancéreux retiré est importante, meilleures sont les perspectives pour les patientes.
La forme la plus commune du cancer de l'ovaire, appelée cancer épithélial de l'ovaire déclenche des niveaux élevés d'une protéine appelée récepteur alpha du folate sur la surface des cellules cancéreuses. Cette protéine n'est pas présente sur les cellules saines. Par conséquent, c'était une bonne cible pour un marqueur fluorescent. Les chercheurs ont utilisé le folate, le produit chimique qui se lie naturellement au récepteur du folate et y ont attaché un colorant fluorescent appelé FITC. Les femmes participantes ont reçu une injection d'acide folique marqué par fluorescence, peu avant leur intervention.
Les chercheurs ont également pris des images, à la fois avec et sans fluorescence, de trois régions différentes de la cavité abdominale d'une femme qui présentait de petites zones disséminées de tissu cancéreux réparties dans toute cette région. Ils ont ensuite demandé à 5 chirurgiens qui n'avaient pas participé à l'intervention d'étudier ces images et d'identifier toutes les zones de tissus cancéreux. Ils constatent, après l'injection du colorant fluorescent, la fluorescence des tissus cancéreux chez 3 des 4 femmes sur les 11 participantes, atteintes de tumeurs malignes. La seule femme, non « marquée » par la fluorescence avait développé un cancer sans protéine du récepteur du folate.
La fluorescence de ces dépôts persiste jusqu'à huit heures après l'injection. Le procédé, concluant lors de ce premier essai, présente des applications possibles importantes pour la chirurgie du cancer de l'ovaire. Les auteurs suggèrent qu'il peut guider les chirurgiens lors de la chirurgie de réduction tumorale et ainsi améliorer ainsi l'efficacité de la chimiothérapie qui suit l'intervention.
Source: Nature Medicine,September 18 2011doi:10.1038/nm.2472Intraoperative tumor-specific fluorescence imaging in ovarian cancer by folate receptor-α targeting: first in-human results.
Lire aussi :INFECTIONS et innovation: Un pansement lumineux pour voir les bactéries –
Recherche sur le SIDA: Des chats trangéniques, mais pourquoi fluorescents ? –
Accéder aux dernières actualités sur le cancer de l'ovaire