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Plantes d'intérieur " dépolluantes " : leur efficacité est contestée

Publié le 20 septembre 2011 par Bioaddict @bioaddict
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Nous sommes aujourd'hui exposés dans nos habitats à de multiples polluants chimiques d'origines diverses qu'ils proviennent de l'intérieur (chauffage, mobilier, produits d'entretien et de décoration...), ou de l'extérieur (circulation, rejets industriels, diffusion des produits chimiques utilisés dans nos belles campagnes par les agriculteurs non bio...).

Pour réduire cette exposition le premier conseil de bon sens est celui d'aérer le logement le plus longtemps et le plus souvent possible, et de supprimer les produits contenant des substances toxiques. Mais d'autres moyens complémentaires sont proposés. Parmi eux les plantes dites " dépolluantes ". Il en existe une quarantaine et elles connaissent un engouement croissant.

Leur action mise en avant consiste en la capture par les feuilles et les racines des substances toxiques contenues dans l'air, et leur élimination par métabolisation. Et c'est vrai que cette capacité épurative a été démontrée par des études réalisées dans les années 80 par le Dr. Wolverton pour le compte de la NASA Mais les travaux avaient été réalisés dans les conditions très particulières qui reproduisaient l'intérieur des capsules spaciales, sur une courte période d'exposition et à des doses très élevées en polluants.

Etude dans des conditions réalistes

C'est pourquoi l'ADEME a voulu évaluer si ces capacités épuratives des plantes d'intérieur était la même dans des conditions réalistes, c'est-à-dire dans les logements, les bureaux et les lieux clos ouverts au public.
Avec l'appui des conseils régionaux Nord-Pas de Calais et des Pays de la Loire l'Agence a donc lancé le programme de recherche PHYTAIR1 financé également par des fonds européens (FEDER)2.


La Capture des polluants confirmée en laboratoire

Le programme PHYTAIR a ainsi montré, qu'en conditions contrôlées en laboratoire (injection unique ou continue de polluants dans une enceinte) que trois plantes d'intérieur (dragonnier, pothos et la plante araignée) avaient une capacité à capturer certains polluants.
L'étude a montré aussi que les capacités d'épuration de l'air diffèrent d'une plante à une autre et selon les polluants (les concentrations de polluants diminuent entre 30% et 90%). Ainsi, le monoxyde de carbone (CO) diminue en plus forte proportion comparée aux deux autres polluants étudiés (benzène et formaldéhyde).

Les capacités d'épuration en exposition réelle non confirmées

La dernière phase de PHYTAIR a permis de tester les capacités d'épuration des plantes en jardinière dans des conditions réelles d'exposition, notamment en termes de ventilation dans une pièce et de configurations des plantes. L'ensemble des essais d'exposition réalisés avec des sources multiples et complexes (type chauffage d'appoint, bâton d'encens et parquet en pin) ne permet pas de conclure, selon l'ADEME, quand à une potentielle efficacité des plantes sur l'élimination des polluants étudiés.
L'efficacité du système plante en jardinière serait donc quasi nulle en condition réaliste d'exposition, c'est-à-dire avec 4 jardinières au maximum par pièce.

Des inconvénients potentiels

Enfin l'ADEME a voulu savoir si les plantes d'intérieur pouvaient avoir des effets négatifs pour la santé.
L'étude a montré que la plupart des plantes ne présentent pas d'effets délétères pour la santé, mis à part dans certains cas bien spécifiques.
En revanche, elles peuvent être à l'origine de quelques désagréments : blessures causées par lesépines, irritations cutanées, projections oculaires, allergies. La sève de certaines plantes peut même être très irritante, voire toxique.
Par ailleurs les substrats sur lesquels poussent les végétaux peuvent favoriser le développement de moisissures, dont certaines génèrent des allergies, des irritations ou des infections...
En conclusion selon l'Ademe les plantes dites dépolluantes capturent bien les polluants en laboratoire mais ces qualités épuratrices s'avèrent peu efficaces en milieu réel d'exposition c'est-à-dire dans nos logements et bureaux. En revanche les impacts sanitaires peuvent être importants notamment chez les sujets allergiques.

En matière d'amélioration de la qualité de l'air intérieur, la priorité reste donc la prévention et la limitation des sources de pollution (entretien des chauffe-eaux et chaudières, réduction de l'utilisation de produits chimiques ménagers, élimination des produits contenants des colles et solvants...) accompagnées d'une ventilation et d'une aération des locaux (entretien du système de ventilation, non blocage des orifices d'aération, ouverture des fenêtres tous les jours quelques minutes,...).

Hervé de Malières


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