Impossible de faire un billet hier, trop occupé à livrer à Alter-Conso un outil informatique pour gérer sa distribution de paniers agricoles en local et en circuit court sur 14 lieux de l’agglomération lyonnaise. Comme les AMAP, jardins collectifs et autres coopératives de consommation, cette SCOP milite pour limiter les transports et réduire l’utilisation d’emballages, soutient l’agriculture locale paysanne, raisonnée, biologique, et cherche à développer le lien social entre ville et campagne… Le système fonctionne bien, producteurs et consommateurs s’y retrouvent, avec des produits de qualité et une convivialité appréciable.
Et comme l’overdose de chiffres approche déjà, je ne vais en aborder qu’un : cette grande et très symbolique décision représente simplement la suppression de 80% des repas distribués. Une paille. Les responsables des associations ont d’ores et déjà prévenus, annonçant une catastrophe humanitaire à brève échéance : «alors qu’il n’y a jamais eu autant de demandes, il n’y a jamais eu autant de menace sur notre action». Je rappelle bien que cela concerne l’Europe, je ne parle pas de l’Afrique…
Ce jour, d’intenses débats se trament à Bruxelles, entre ceux qui clament que «l’aide aux nécessiteux relève de la politique sociale, qui est du ressort des Etats membres» et ceux dont le PEAD représente 50, voire 90% des approvisionnements des banques alimentaires comme en Hongrie et en Pologne. Sur ce point, mes interrogations sont comme d’habitude indignées. A quoi sert l’Europe si elle décide unilatéralement sur des sujets à autant des facettes ? A quoi sert l’Europe si chacun fait ses affaires dans son coin en se cachant derrière l’institution pour justifier ses manques ou ses excès ? A quoi ont pensé les pères de l’Euro, dotant d’une monnaie commune des Etats où absolument rien d’autre n’est commun, aucun système, aucune réglementation, et surtout pas les fondements économiques, base essentielle de la crédibilité d’une monnaie ? Les résultats de cette gabegie, débouchant sur les crises à répétition, ne sont pas du fait des pauvres, mais bien des décideurs.
Mais tout cela passe bien haut par dessus les têtes des exclus. L’Union Européenne ne sert plus que les banques et les multinationales. Pour les autres, elle a trouvé une nouvelle occupation : après la recherche d’un hypothétique emploi, il y a maintenant la quête de la nourriture. Il n’y a plus qu’à espérer qu’en chemin, ne leur prenne pas l’envie de se rebeller, la faim bousculant parfois tomber bien des repères. A continuer ainsi à pressurer les pauvres, la catastrophe pourrait déborder, et ne plus se limiter à l’alimentaire, à l’humanitaire…
Et l’on finirait encore par accuser les pauvres.
PS : je viens de découvrir (via le NumberOne) que MHPA, après le sabordage apparemment malencontreux de «Fucking Disgrâce», a remonté un nouveau lieu d’écriture. Ne le ratez pas, son premier billet est grandiose.
Très longue vie à Disgrâce funky…