Cette jeune femme qui mourut au printemps de la vie, fut courageuse devant la fatalité.Malgré ses révoltes contre la maladie, les affolements et les angoisses de son inévitable fin, elle eut, dans un ouvrage, cette grandeur de rappeler au monde les vertus des Stoïques.Volontairement soumise à son destin, elle s’appliqua cette maxime :« la fin suprême est de vivre selon la nature ».
« Immortalité » est extrait des « Stoïques » publié en 1870.
IMMORTALITE
Le chêne dans sa chute écrase le roseau,Le torrent dans sa course entraîne l’herbe folle ;Le passé prend la vie, et le vent la parole,La mort prend tout : l’espoir, et le nid, et l’oiseau,
L’astre s’éteint, la voix expire sur les lèvres,Quelqu’un ou quelque chose à tout instant s’en va, Ce qui brûlait le cœur, ce que l’âme rêva,Tout s’efface : les pleurs, les sourires, les fièvres,
Et cependant l’amour triomphe de l’oubli ;La matière, que rien ne détruit, se transforme ;Le gland semé d’hier devient le chêne énorme, Un monde nouveau sort d’un monde enseveli,
Comme l’arbre, renaît le passé feuille à feuille,Comme l’oiseau, le cœur retrouve sa chanson ;L’âme a son rêve encore, et le champ sa moisson,Car ce que l’homme perd, c’est Dieu qui le recueille.
(Les Stoïques)