Je continue, dans ma tête, à arpenter Bordeaux ….
Cet édifice abrite aujourd’hui les collections permanentes et les installations temporaires thématiques du musée d’art contemporain, le MOMA de Bordeaux en quelque sorte. Placé presque sur le quai des Chartrons et à deux pas du port, il répondait à la nécessité pour les négociants, de pouvoir garantir leurs prêts sur les marchandises juste débarquées ou en partance, placées sous la sauvegarde des Douanes et de la Chambre de Commerce. Il a été construit sur l’emplacement du Château-Trompette détruit au début du 19° siècle.
C’est son architecture intérieure qui coupe le souffle, par sa rigueur, son efficacité, sa beauté formelle. Encore un exemple d’architecture pré-industrielle magistralement réhabilitée avec respect par l’équipe Valode et Pistre.
L’"Entrepôt Réel des denrées Coloniales", appelé aussi "Entrepôt Lainé", fut édifié entre 1822 et 1824 par l'ingénieur des Ponts et Chaussées Claude Deschamps qui venait d'achever la réalisation du Pont de pierre de la ville (encore une prouesse technologique pour l’époque étant donné ses dimensions). Joseph Louis Joachim Lainé, parlementaire, ministre d’Etat de Louis XVIII apporte son aide au lancement des travaux.
L'architecture est faite de pierre de Bourg-sur-Gironde, de briques d’argile et de pins d’Orégon. Deschamps a édifié un bâtiment utilitaire, fonctionnel, où rien ne vient dissimuler les matériaux de la construction. S’il est dommage que sa façade principale soit "obstruée" par le bâtiment actuel très "IIIème République", de la Chambre de Commerce, on oublie vite cet enclavement dès qu’on pénètre sous les voûtes.
On se retrouve transporté, comme à Lisbonne dans les Arsenaux, dans un espace à l’atmosphère feutrée, presque religieuse, aidés en cela par les arcs en plein cintre, comme dans une gigantesque église pré-romane. J'ai adoré aussi le vernis des carreaux de terre cuite des paliers et l'élégance des escaliers d'accès aux mezzanines.
Du grand art intemporel. Un cadre d'exception, un peu froid cependant pour des installations pas toujours limpides ....On n'atteint pas la dynamique de la Tate Modern de Londres, même avec beaucoup d'imagination. Ici, c'est le cadre qui retient l'attention, par son dépouillement même.
L'Entrepôt, parfaitement adapté à sa fonction de stockage par sa hauteur et ses vastes espaces sans piliers, abritait autrefois les marchandises exotiques dont le port faisait commerce et fut investi, dans les années 1970, par des associations culturelles, parmi lesquelles le capc (centre d'arts plastiques contemporain) devenu musée en 1984. Il abrite également "arc en rêve", centre d'architecture.
CAPC, Musée d'Art contemporain de Bordeaux, 7 rue Ferrière, ouvert tous les jours sauf le lundi.